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    Journée d'étude sur la loi de 2005 / Marcel Nuss.

    Sifoell
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    normal Journée d'étude sur la loi de 2005 / Marcel Nuss.

    Message par Sifoell Mer 18 Fév 2009 - 15:36

    Bonjour tout le monde,

    Je vous laisse ici le compte-rendu d'une journée d'étude sur la loi de 2005 qui a eu lieu dans mon centre de formation, et qui recevait notamment Marcel Nuss... Je vous parlerai bientôt de lui et de ses différentes publications, mais là (en théorie) faut que je travaille sur un dossier de 12 pages à rendre lundi et qui n'est pas commencé, donc...
    Bonne lecture !!





    Journée d’étude “Loi 2005 et pratiques éducatives.”




    La loi de 2005 se présente sous trois grands axes :
    -
    la scolarisation (et non l’intégration) de tous les élèves à l’école.
    Cela ouvre un nouveau travail aux éducateurs (loi 1909 : séparation
    enfants valides / enfants handicapés)
    - la possibilité du choix des prestataires ouvre à une marchandisation du secteur social et ouvre surtout à la concurrence.
    -
    C’est la loi des bonnes intentions, mais souvent la réalité est
    différente. On a pu le voir récemment avec le financement des
    transports qui se fait désormais sous la forme d’un forfait, décidé par
    les MDPH – et non plus un remboursement Sécurité Social. Le reste à
    charge pour les familles, ou les personnes handicapées reste très
    important, le financement ne couvrant que les premiers kilomètres.



    Intervention
    de Jean-François Dietrich, directeur d’un Institut d’Education Motrice,
    accueillant des enfants avec des troubles moteurs, avec ou sans
    troubles associés, et des enfants polyhandicapés.
    Présentation de la loi, des dispositifs et de la mise en oeuvre.
    Chronologiquement, il y a eu trois grandes notions politiques du handicap :
    - la réparation (après la guerre de 1914)
    - la réadaptation (apparue dans les années 60, avec pour vut de rejoindre l’ordinaire)
    -
    la compensation de la situation de handicap : pour exercer ses droits
    de citoyen, la personne en situation de handicap à droit à la
    compensation de son handicap. Cela relève d’une action autant sur la
    personne que sur son environnement.

    Des représentants des
    personnes handicapées se retrouvent dans diverses instances
    (associations, communes, commissions). On retrouve également cette
    notion de citoyenneté avec l’apport du projet de vie, auquel la
    personne en situation de handicap participe.
    Mais la personne
    peut-elle elle-même définir ses propres besoins ? On y retrouve une
    notion d’expertise de la personne sur ses propres besoins, et cela
    questionne la place des professionnels.

    Plan de la loi de 2005 :
    Titre 1 : Dispositions générales (notamment la définition du handicap)
    Titre 2 : Prévention, recherche, soins (observatoires, formation des professionnels)
    Titre 3 : Compensation et ressources (personnes handicapées en dessous du seuil de pauvreté)
    Titre 4 : Accessibilité
    Titre 5 : Accueil, information, évaluation, reconnaissance.
    Titre 6 : Citoyenneté.

    Ce
    qui est nouveau dans la définition du handicap, c’est la prise en
    compte de la difficulté psychique. Le handicap est une difficulté que
    rencontre la personne dans l’interaction avec son environnement.
    La
    loi offre la possiblité pour la personne handicapée de choisir ses
    aidants, sachant que parfois des gestes médicaux sont à accomplir
    (aspiration, aider à la prise de médicaments). Il faut donc interroger
    la façon de répondre aux soins, par du personnel médical ou un
    personnel non médical ?

    La personne handicapée a droit à la
    compensation des conséquences de son handicap, quelque soit l’origine
    et la nature de sa déficience, son âge, son mode de vie. A terme, cela
    vise la prise en compte des personnes âgées, et de la dépendance.
    Sachant qu’une harmonisation des réponses à ces besoins sera bien
    entendu difficile, sachant que la compensation d’une dépendance à l’âge
    de 25 ans est bien différente de celle d’une personne de 95 ans.

    On
    relève quatre types de compensation : les aides humaines, les aides
    techniques, l’aménagement du véhicule et du logement, et enfin les
    aides exceptionnelles (comprenant les aides animalières). Ces aides
    sont forfaitaires et dépendent soit des prestations soit des fonds de
    compensation. Ces réponses, forfaitaires, demandent un temps d’étude de
    plus en plus long, et une intrusion de plus en plus importante dans la
    vie (notamment avec le projet de vie).
    Les moyens mis en place
    pour appliquer la loi, qu’ils soient en terme de personnels ou en terme
    financiers sont largement insuffisants, sachant que chaque personne a
    des besoins qui lui sont particuliers et qui nécessitent des réponses
    adaptées.

    Les aides pour accéder au travail, et surtout au
    travail dans le milieu ordinaire sont maintenant une aide au poste et
    non à l’entreprise.

    Concernant la scolarisation, tout enfant a
    le droit d’être inscrit dans l’école de son quartier. Mais quels sont
    les moyens mis en oeuvre pour leur permettre d’être scolarisés ? Quels
    sont les statuts, la formation, des auxiliaires de vie scolaire,
    individuels ou collectifs ? Qu’en est-ils des classes internes à
    l’établissement spécialisé ? Les établissement s’ouvrent de plus en
    plus sur l’extérieur.

    Concernant l’accessiblité du bâtis, la
    loi oblige les communes de plus de 5000 habitants à avoir une
    commission de l’accessibilité.

    Concernant le traitement en lui-même du dossier, il est très disparate sur le territoire, en fonction des différentes MDPH.


    Regard critique sur la loi de 2005. Marcel Nuss.

    C’est
    la loi des bonnes intentions. Une évolution, mais non une révolution.
    Il reste une part très médicalisée dans la définition du handicap.
    La
    DGAS (direction générale des affaires sociales) a réalisé un forfait
    horaire par acte. Trois quarts d’heure pour se laver, quinze minutes
    pour se déplacer… Les normes d’accessibilité tendent à standardiser
    cette norme. Une douche à l’italienne est préconisée. Mais certaines
    personnes ont besoin d’une baignoire pour se laver.

    Il y a
    également un gros problème de sémantique dans cette loi. Elle parle de
    l’égalisation des droits et des chances. Je lui aurais préféré équité,
    ou égalité. On parle aussi de droit à l’autonomie ou de droit à
    l’indépendance ? Le terme de projet de vie serait également à changer
    en terme de besoins ou de souhaits.

    Souvenez-vous du plan grande
    dépendance. Grande dépendance ou “personnes nécessitant un
    accompagnement constant ou quasi constant” ? Quelle est la différence
    entre la personne en situation de handicap et la personne handicapée ?
    La loi joue sur les mots pour essayer de faire évoluer les mentalités.
    Je préfère la notion mauricienne de personne autrement capable, qui
    insiste plus sur les capacités de la personne handicapée, que sur ses
    incapacités, comme peuvent le faire les définitions européennes. Le
    regard sur la personne n’est pas le même.
    Les mauvais mots stigmatisent, les mots justes humanisent.

    La
    scolarisation, l’accompagnement des enfants sont un vrai combat. Avant,
    c’était le système D : les instituteurs et les copains portaient le
    fauteuil. Ce système D faisait naître une complicité naturelle avec les
    copains. Aujourd’hui, par contre, les jeunes sont disséqués : ils ont
    un accompagnateur le matin pour le lever, un autre à l’école en
    journée, un autre le soir à domicile en plus de la famille. Les enfants
    ont besoin de stabilité affective. Il faut viser la polyvalence de
    l’accompagnateur.

    Concernant le travail, plus les personnes
    handicapées travaillent, moins elles gagnent. La prestation de
    compensation du handicap a fait naître une réelle autonomie physique.
    Par contre, les ressources – l’allocation de compensation du handicap –
    maintiennent les personnes handicapées dans l’assistanat.

    La délégation des gestes de soin, appelée aussi amendement Nuss : personne n’est là pour qu’elle soit appliquée.

    Ce que la loi induit pour les travailleurs sociaux :

    La
    compensation par rapport aux aides techniques est une vraie régression
    par rapport à la loi de 1975. Par contre, sous condition de passer par
    une évaluation correcte, il y a une vraie avancée sur le plan des aides
    humaines.
    Les équipes d’évaluation ne sont pas conformes à ce
    qu’attendait le législateur : elles ne sont pas polyvalentes, ni
    pluridisciplinaires. Le côté médical est encore une fois mis en avant.
    Il n’y a pas de personnes handicapées dans les études d’évaluation.

    Marcel Nuss emploie quatre personnes à temps plein, pour un accompagnement jour et nuit, de 32 heures par jour.

    La
    prestation de compensation du handicap est la continuation des forfaits
    grande dépendance, mis en place par Ségolène Royal. Elle induit que les
    travailleurs sociaux ne pourront plus accompagner les personnes
    handicapées comme avant. Leur autonomie entraîne un changement de
    comportement et de positionnement. Avant 2005, on était dans une
    culture de l’assistanat (la culture de la rééducation). Les
    professionnels étaient basés sur leur savoir-faire, on pensait pour la
    personne, on travaillait pour le bien des personnes, en leur apportant
    juste le minimum vital. La loi de 2005 ouvre à la culture de
    l’autonomie, par la compensation : on passe du savoir-faire au
    savoir-être. Intervient là la dimension humaine. Le travailleur social
    pense et agit avec la personne. On passe d’une logique de charité, de
    stigmatisation à une logique de partenariat avec la personne.

    La
    question de l’usager au centre est intéressante, également. L’usager
    est où ? Seul, sur son piédestal. La loi de 2005 ouvre à une
    conscientisation et une responsabilisation de tous les acteurs. En tant
    que personne handicapée, j’ai le droit de demander une compensation à
    hauteur de mes besoins, d’accéder à la citoyenneté, mais cela exige que
    je sois conscient de mes demandes, de mes capacités et de mes
    incapacités. Entre toute prestation de service, il y a des gouffres. Il
    faut être très responsable. Si on ne l’est pas, on devient un assisté
    autonome. Toute personne handicapée doit être aujourd’hui consciente
    des implications de ce qu’elle demande, de ce qu’elle veut et de ce
    qu’elle peut.

    Un bon professionnel est capable de reconnaître
    ses limites. L’accompagnement repose sur la capacité à se regarder en
    face, qui sont les raisons de faire ce boulot. On accompagne pour être
    accompagné, on soigne pour se soigner. On le fait pour qu’il y ait un
    retour. Plus on est amoindri, par la maladie, plus on est vigilant, ce
    qui est un phénomène de survie, et le meilleur moyen de se protéger de
    l’autre.

    Il n’y a rien à cacher, pas de non-dits. Derrière les
    mots, il y a la maltraitance passive. Les exigences humaines sont
    énormes dans les métiers de l’accompagnement.

    Les écoles
    d’auxiliaire de vie sociale, d’aides médico-psychologiques sont un
    ramassis d’handicapés sociaux : l’Etat est complice de maltraitance. On
    demande aux professionnels d’être de plus en plus pointus, avec
    notamment la délégation des gestes de soins, pour l’autonomie, la
    sécurité, le confort de la personne accompagnée. Les travailleurs
    sociaux sont mal payés. La plupart des institutions sont des mouroirs
    et la moitié des professionnels sont à mettre dehors.

    La loi de
    2005 donne naissance à plusieurs questions centrales : quelle est la
    place de la personne handicapée dans la société, quelle est sa valeur ?
    D’où l’importance de la complémentarité entre la personne handicapée et
    le travailleur social.

    Quelle est la formation de vos accompagnateurs ?
    Ils
    sont aides médico-psychologiques, aides-soignants, ou non
    professionnels de l’accompagnement. Les formations ne sont pas adaptées
    à la réalité : trop techniques et pas assez humanisées. Pour trouver le
    positionnement juste, il ne faut pas oublier l’enjeu de l’affectif, et
    la question de la distance professionnelle dans le cadre de la relation
    à l’autre. Il faut responsabiliser au maximum la personne accompagnée,
    et penser à la génération perdue des personnes handicapées qui sortent
    de 20 ou 30 ans de taule.

    Vous abordez la question de la sexualité dans un de vos ouvrages. Qu’en est-il ?
    Nous
    travaillons sur un accompagnement sexué pour le premier semestre 2010.
    Cela a commencé par la création du collectif handicap et sexualité en
    2007, et sa présentation au Sénat en 2008. Ce collectif est composé de
    l’APF, Handicap International, l’AMF et la CHA (coordination handicap
    et autonomie, fondée par Marcel Nuss en 2002). Pour le moment,
    l’accompagnement sexué est axé sur le handicap physique. Nous verrons
    plus tard pour d’autres types de handicap. Le problème en France est
    d’ordre juridique : la prostitution est permise, mais le proxénétisme
    est interdit. La difficulté est de ne pas ouvrir la porte à la
    légalisation de la prostitution (ce que craint l’Association du Nid).
    Il y a un travail en partenariat avec l’école suisse SEPH.
    C’est qui
    un accompagnant sexuel ? D’anciennes prostituées qui reçoivent une
    formation, ou d’anciens professionnels du médico-social : psychologues,
    infirmières, kinésithérapeute, accompagnants à la vie quotidienne,
    éducateurs spécialisés. La sélection est drastique, avec 80% de refus.
    Il
    y a une différence énorme entre la prostitution et l’accompagnement
    sexuel. On parle d’ailleurs d’accompagnement à la vie affective et
    sexuelle. Les séances durent environ une heure et demie pour aider la
    personne à se réincarner, se réapproprier son corps, à se réhumaniser.
    Cela passe par des massages, ce qui est une mise en condition par
    rapport à la confiance. Cela peut terminer par une masturbation. Mais
    on ne dépasse pas la préconisation de la masturbation dans le cadre
    législatif. “Un bon accompagnement sexuel ne peut être efficace que si
    les deux personnes ont du plaisir.” La charité, c’est dégradant. Il
    faut également éviter la confusion des rôles, entre éducateur
    spécialisé et accompagnant sexuel.
    Kris
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    normal Re: Journée d'étude sur la loi de 2005 / Marcel Nuss.

    Message par Kris Mer 18 Fév 2009 - 18:45

    merci pour les infos Sifoell. Çà avait l'air intéressant!
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    normal Re: Journée d'étude sur la loi de 2005 / Marcel Nuss.

    Message par mickeydu86 Jeu 19 Fév 2009 - 22:12

    merci .
    sacré boulot en plus de ta charge en lien avec ta formation.

    ta motivation mérite un grand BRAVO cheerscheerscheerscheerscheerscheerscheerscheerscheerscheers

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    normal Re: Journée d'étude sur la loi de 2005 / Marcel Nuss.

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