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    Approche psychanalytique du Groupe

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    normal Approche psychanalytique du Groupe

    Message par Darkzapatiste Sam 26 Juil 2008 - 8:39

    L’approche psychanalytique des groupes.


    Freud et l’inconscient dans les groupes

    Selon Freud, toute psychologie est une psychologie sociale : « dans la vie psychique du sujet singulier, l’Autre intervient très régulièrement comme modèle, soutien et adversaire et c’est pourquoi la psychologie individuelle est, dés le commencement et simultanément, une psychologie sociale, en ce sens élargie mais tout à fait justifié. »

    Le champ théorique de la psychanalyse se fonde sur l’étude de « la groupalité intrapsychique », le sujet étant constitué par le jeu complexe des identifications aux autres dans le réseau intersubjectif du groupe primaire familial. La psychanalyse s’applique également à des phénomènes qui s’expriment dans les groupes.

    Totem et tabou (1913) : le mythe de la horde primitive

    S’appuyant sur les travaux d’anthropologues, notamment de Darwin, Freud élabore la mythe de la horde primitive comme métaphore de la forme groupale du complexe d’Œdipe : « Originairement les hommes auraient vécu en hordes primitives, chacun étant soumis à la domination d’un mâle dominant, fort, violent jaloux. Le père de la horde primitive avait accaparé, en despote absolu, toutes les femmes et chassé les fils rivaux dangereux. Les fils s’associèrent contre le père pour le tuer, lui qui avait été leur ennemi mais aussi leur idéal.
    Après cela, les fils entrèrent en rivalité. Sous l’influence de l’insuccès et du remord, ils décidèrent de s’unir en un clan de frères. De par la description du totémisme, ils renoncèrent en bloc à la possession des femmes pour lesquelles ils avaient tué le père. Ils s’obligèrent à prendre des femmes étrangères, de là l’origine de l’exogamie. Le repas totémique venait commémorer l’acte d’incorporation du père
    . »

    La communication totémique matérialise l’identification de chacun au père envié et redouté. Elle matérialise l’égalité et la solidarité de tous et fonde la société nouvelle qui repose sur deux tabous, sortes de norme morale : renoncer à manger l’animal (substitut du père mort) et renoncer aux rapports sexuels avec les femmes ou les filles du père (tabou de l’inceste et règle de l’exogamie).

    Règle de l’exogamie : mariage entre sujets n’appartenant pas au même groupe de parenté. Elle met à l’abri de la transgression de la loi symbolique : l’interdit de l’inceste.

    Le mythe met en avant ce qui fonde le groupe et la société :
    - l’ambivalence des sentiments envers l’image paternelle : intrication d’amour et de haine, d’admiration et de jalousie;
    - identification au père mort idéalisé et devenant objet de culte.

    Pour Freud, l’élément fondamental de la psychologie groupale est l’identification. Cette identification est double :
    - identification des membres du groupe au chef ;
    - identification mutuelle entre les membres du groupes.

    Les membres du groupe partagent un même modèle, le chef, auquel ils cherchent à ressembler. Ils partagent entre eux un même idéal du Moi.

    Dans un groupe le chef prend la place de l’idéal du Moi, chez chacun des membres du groupe. C’est le lien archaïque de l’identification qui attache les membres à la personnes centrale (image paternelle) et entraine une identification des membres entre eux.

    Idéal du Moi : Freud utilise d’abord ce terme pour désigner un modèle de référence du Moi puis, dans l’évolution de sa métapsychologie, avec la seconde topique, l’idéal du Moi constitue un modèle auquel le sujet cherche à se conformer. L’idéal du Moi désigne alors une fonction du Surmoi.

    Le facteur de cohésion d’un groupe procède donc de modèles archaïques et fondamentaux, ceux des identifications infantiles. Le mythe de la horde primitive est au groupe ce que le mythe du complexe d’Œdipe est à la personnalité.

    Le mythe du meurtre du père et le mythe du complexe d’Œdipe d’après D. Anzieu.

    « L’un et l’autre pointent l’expérience affective que l’individu ou le groupe doivent vivre et surmonter pour se constituer en sujet autonome. Le garçon devient homme en se fixant, puis en renonçant à l’amour de sa mère et en demandant et en donnant l’amour à une autre femme d’une part ; en assumant et en déposant sa haine pour le père rival, en se reconnaissant son fils et en désirant devenir père à son tour d’autre part. Un groupe devient souverain au sens où Rousseau a parlé de la souveraineté du peuple comme fondement de la loi sociale, en exorcisant le fantôme du grand monarque, en tuant l’image du chef inné, d’un homme semi-divin, possesseur des pouvoirs et dispensateur de l’ordre civil. Le meurtre du père est l’opération symbolique par laquelle des individus réunis dans un intérêt commun s’engagent par un contrat social généralement tacite à mettre en commun leurs forces, leurs compétences, leurs ressources psychiques et matérielles, à se respecter, à s’estimer. A la généalogie de type familial, il (le groupe) substitue un autre ordre de réalité, un autre attachement symbolique, qui est celui de la création sociale. »

    Le ressort du groupe est l’identification. C’est un phénomène complexe qui ne se limite pas aux identifications œdipiennes.


    Psychologie collective et analyse du Moi (1920)

    Freud montre que les liens unissant les membres d’un même groupe social sont de nature libidinale, la libido étant désexualisée, déviée de son but sexuel.

    Libido : désigne l’énergie sexuelle, la force avec laquelle se manifeste l’instinct sexuel. L’énergie sexuelle, pour Freud, ne se confond pas avec la génitalité. Il y a donc pas synonymie entre le sexuel et le génital. La libido désigne l’énergie psychique du plaisir.

    Les foules gardent leur unité sous l’effet d’une illusion :
    « c’est ainsi que dans ces foules bruyantes, éphémères, superposées, on observe le miracle de la disparition complète, quoique peut-être passagère, de toute particularité individuelle. Ce miracle est dû à ce que l’individu renonce à son idéal du Moi en faveur de l’idéal collectif incarné par le chef. Quelquefois, le divorce entre le Moi et l’idéal du Moi n’est pas complet, les deux peuvent continuer à Co-exister. »

    Freud se sert de ses observations sur l’église, l’armée et sur les foules. Ainsi, il évoque le phénomène des groupies :

    « songez à la foule de jeunes filles amoureuses d’un chanteur venant se presser autour de lui après le spectacle. Étant donné leur nombre et l’impossibilité de s’emparer chacune de l’objet de leur amour commun, elles y renoncent et agissent comme une foule solidaire. Révoltées au début, elles ont ensuite réussi à s’identifier les unes aux autres en communiant dans le même objet. »

    L’analogie groupe et appareil psychique
    Le sujet et intériorisation d’un groupe primaire

    Lorsque Freud élabore la seconde topique, il a conçu le jeu des instances, le Va, le Moi et le Surmoi, dans l’appareil psychique individuel comme un groupe interne.

    Topique : théorie des lieux, point de vue qui suppose une différenciation d’instances dans l’appareil psychique, douées de caractère et de fonctions différentes. Le point de vue topique : mode de représentation du fonctionnement psychique comme un appareil ayant une disposition spatiale.

    Au commencement est le groupe, le couple, la famille, et l’individu est le résultat d’un groupe. L’enfant s’individue de de cette diade/triade partagée. L’enfant se socialise et se singularise par l’individuation du groupe primaire et l’intériorisation de ses valeurs.

    Diade ou dyade : couple de deux sujets en interaction. En psychanalyse, la diade est le prototype de la relation mère/enfant
    Triade : sous-groupe formé par trois personnes en inter-relation. En psychanalyse, la triade est associée à la relation triangulaire père/ mère/ enfant et renvoie au complexe d’Œdipe.
    Individuation : processus par lequel chaque être humain se constitue comme sujet à la fois par identification et différenciation. Certaines phases conflictuelles ponctuent ce processus (le stade du miroir, celui du non, l’Œdipe, l’adolescence).

    Pour Freud, les instances psychiques se différencient à partir du Ca, le Moi se structure à partir de la déchirure de la dyade et le Surmoi à partir du Moi par identification des valeurs du Surmoi des parents.

    Les limites de l’individu et du groupe de travail restent fluides

    L’intériorisation des normes, l’individuation reste inachevée et le sujet garde la marque de processus primaires, archaïques, non achevés. Ainsi l’idéal du Moi, dans un groupe, Ca se substituer au Moi individuel, en indiquant la fluidité des limites de l’individu dans le groupes. Dans le groupe, l’individuation toujours inachevée renvoie fantasmatiquement le sujet à l’indistinction, la fusion, la symbiose.
    Le groupe fonctionne sur le même mode que l’appareil psychique. G. Amado et A.Guittet proposent une transposition au groupe des instances psychiques de la deuxième topique :

    - le Ca est le pôle pulsionnel du groupe, il est représenté par la pluralité, par l’intermédiaire de chacun. La pluralité évoque la diversité des pulsions libidinales et agressives.
    - le Moi représente les intérêts de la totalité du groupe. Il est incarné par le leader
    - le Surmoi est constitué par les règles de fonctionnement, les principes de base communs et acceptés par l’ensemble des membres
    - l’idéal du Moi est le modèle auquel les membres du groupe chercheraient à ressembler
    - le Moi idéal serait une identification idéalisé à son propre groupe.
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    normal Re: Approche psychanalytique du Groupe

    Message par Darkzapatiste Mer 30 Juil 2008 - 9:16

    Le groupe comme entité psychique

    Le ressort du groupe est l’identification qui est un phénomène complexe : identification primaire et archaïque, identification secondaire issue du complexe d’Œdipe.

    Identification primaire ou archaïque : est un mode primitif de constitution du sujet sur le modèle de l’autre. L’autre étant décrit comme première relation à la mère, avant que la différenciation de l’ego ne soit solidement établie. L’identification primaire s’oppose à l’identification secondaire en grande partie issue du complexe d’Œdipe.

    Identification et pré généralité

    L’identification est la première manifestation d’un attachement affectif à une autre personne. Ce dernier attachement est une identification archaïque, produit de la première phase du développement psychoaffectif et sexuel de l’enfant : la phase orale de l’organisation de la libido.

    Déjà amorcé par Freud, c’est Mélanie Klein, qui a montré que les fantasmes inconscients existent dès la naissance chez le nourrisson. La mère comme objet partiel intériorisé. L’enfant connaît de sa mère ce qui satisfait son besoin : le sein qu’il absorbe en même temps que la nourriture. L’objet mère-sein fait aussi bien partie de lui même et devient un fantasme.

    Source de plaisir et de déplaisir, la mère-sien devient un objet clivé :
    « le bon objet » le bon sein, source d’apaisement
    « le mauvais objet » source de frustration, le mauvais sein précurseur

    Mélanie Klein décrit des positions pour rendre compte de ces fantasmes qui se constituent lors de la distinction/indistinction entre soi et le monde, le dedans et le dehors, l’intérieur et l’extérieur. L’enfant passe par les positions suivantes :
    - la position persécutoire ou schizo-paranoïde et le clivage : l’enfant s’identifie au bon objet et désire le garder en lui et se débarrasser du mauvais objet qu’il projette vers l’extérieur : le sein objet extérieur devient persécuteur. Le nourrisson éprouve une angoisse, la peur d’être dévoré par le mauvais objet.
    - la position dépressive et l’ambivalence : l’enfant prend conscience qu’il n’y a pas deux objets partiels mains un objet unique, la mère. La haine et l’amour se confondent sur le même objet. L’enfant craint de détruire sa mère à cause de ses pulsions destructrices (fantasme de morsure et de décoration), ce qui le culpabilise et le déprime.
    Cette indistinction archaïque entre le dedans et le dehors, le moi et le non-moi reste latente chez le sujet et se trouve réactivée dans les groupes.

    Les hypothèses de base de Bion

    À la suite des travaux de Mélanie Klein, l’anglaise de psychanalyse ouvre la voie à des découvertes considérables, notamment en proposant deux niveaux dans tout groupe, celui des processus psychiques primaires et des processus psychiques secondaires :

    Processus psychiques primaires et secondaires : les deux modes de fonctionnement de l’appareil psychique, le processus primaire caractérise le système inconscient, le processus secondaire, le système pré-conscient et conscient.

    - le niveau de la tâche ou niveau rationnel : il correspond à une activité consciente régie par des processus secondaires de perception, de mémoire, de jugement de raisonnement. Le groupe est centré sur la tâche, ses règles de fonctionnements, la distribution des rôles, la répartition des actions, l’articulation et la régulation entre les projets et les réalisations du groupe
    - le niveau du groupe de base ou niveau irrationnel : il correspond à la vie affective du groupe, dominée par des fantasmes et des émotions inconscientes.

    Ces deux niveaux sont organisés à partir de ce que Bion appelle des hypothèses de base qui constituent des états affectifs archaïques et prégénitaux et qui agissent involontairement dans la mentalité du groupe.

    Mentalité du groupe : Bion la définit comme l’activité centrale qui se forme dans un groupe à partir des désirs inconscients et anonymes de ses membres. La mentalité de groupe présente une uniformité dans le désir et la satisfaction de la pulsion, contrairement aux activités du niveau rationnel du groupe, qui peut accepter la diversité des opinions.

    Ces états affectifs, ces émotions demeurent inconscients. Ils sont soumis aux processus primaires, ils expriment des fantasmes inconscients.

    Les trois présupposés de base :
    Les trois présupposés de base n’apparaissent pas en même temps, ils ne constituent pas des étapes ordonnées dans la genèse des groupes. Ils peuvent apparaître dans des ordres différents et cycliques.

    1) La dépendance.
    Elle correspond à une mentalité du groupe où les membres veulent être protégés par le leader, nourris par lui intellectuellement et affectivement. On exige beaucoup du leader, sous l’apparence de la docilité, une pression affective forte s’exerce sur lui. Le groupe attend tout de son leader, exige toutes les décisions et les régulations de façon à assumer toute l’angoisse et éviter confrontation et l’anxiété des choix. Si le meneur n’assume plus cette sécurité, le groupe exerce alors des pressions contre le chef et la compétition apparaît, conduisant le groupe vers un autre présupposé. La dépendance correspond à une régression infantile où le nourrisson est à la charge des parents.

    2) Combat et fuite.
    Le groupe semble réuni pour lutter contre un danger, pour attaquer ou pour fuir. Les membres du groupe agressent le leader ou un des leurs. Apparaissent des états de compétitions ou de lutte. Le groupe devient un mauvais objet, il est déprécié, on ne s’intéresse plus à la tâche, on fuit en parlant d’autre chose, on se dérobe par l’agressivité ou l’angoisse. Un système de culpabilité s’établit.

    3) Le couplage.
    Dans le groupe se forme des sous-groupes ou des couples, il apparaît des clivages hommes/ femmes, vieux/jeunes.. Le groupe tente de s’établir dans un système de parité ou de complémentarité. On établit l’espoir autour d’un couple ou de plusieurs personnes. Pour le groupe, ce rapprochement est une promesse de résolution des problèmes actuels. Mais il présente aussi un danger pour la formation des dyades indépendantes.

    Bion a ainsi développé un modèle théorique pour rendre compte des fonctions et des processus de l’inconscient dans le groupe. La mentalité de groupe se forme à partir des désirs et angoisses inconscients des membres du groupe et prend une valeur unanime à différentes phases groupales : ce sont les hypothèses de base. Cette unanimité permet une satisfaction des désirs malgré la persistance de la diversité des opinions et des pensées des individus qui constituent le groupe.

    Le groupe comme défense contre l’angoisse

    Elliott Jacques a étendu les découvertes de Mélanie Klein à l’analyse des groupes. Il a mis en évidence le groupe comme défense contre l’anxiété qui prendrait la forme de défense contre l’anxiété persécutive paranoïde et l’anxiété dépressive.

    Rappel : la manifestation des angoisses archaïques dans le groupe:
    La menace d’une atteinte à l’intégrité du Moi mobilise quatre types différents d’angoisses archaïques :
    - l’angoisse d’annihilation
    - l’angoisse schizophrénique de morcellement
    - l’angoisse persécutive
    - l’angoisse dépressive.
    Ces angoisses sont toutes en rapport avec l’image maternelle. Elles mobilisent des processus de défense :
    - clivage de l’objet « bon » et « mauvais »
    - identification projective
    - fragmentation
    - restauration réparatrice du lien.
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    normal Re: Approche psychanalytique du Groupe

    Message par Darkzapatiste Sam 2 Aoû 2008 - 13:08

    Elliott Jacques, étudiant notamment les rapports humains à bord des navires de guerre, montre que, pour lutter contre l’anxiété de persécution, les individus de l’équipage clivaient inconsciemment des mauvais objets internes en les projetant sur le second capitaine, en leur permettant de s’identifier au commandant du navire, idéalisé en image bonne et protectrice.

    Elliott Jacques avait constaté que le commandant était perçu par l’équipage comme un être réputé et extraordinaire, aux qualités exceptionnelles, alors que le second capitaine était réputé pour être le source de tous les maux. Le second devient le bouc émissaire.

    Bouc émissaire : personne rendu responsable de toutes les fautes, de tous les torts (par allusion à la coutume biblique qui consistait à charger un bouc de tous les péchés d’Israël et de la chasser dans le désert)

    E. Jacques à la suite des travaux de M Klein, a vu que le cadre, les institutions, les réglements, la structure organisationnelle et institutionnelle constituent des défenses collectives stables contre les angoisses et les fantasmes désorganisateurs qui conduisent les participants d’un groupe à recourir à des mécanismes de défenses archaïques

    Le groupe comme objet transitionnel

    Les travaux de D. W. Winnicott sur l’objet transitionnel apportent un éclairage sur les limites de ce que l’on pense être le groupe et l’individu.
    La notion de champ intermédiaire peut s’appliquer au groupe comme un objet, qui n’est pas moi, tout en en faisant partie.
    D. W .Winnicott dit qu’il a « introduit le terme phénomènes transitionnels pour désigner le champ d’expérience intermédiaire entre l’érotisme oral et la véritable relation d’objet, le pouce et l’ourson en peluche, entre l’activité créatrice primaire et la projection de ce qui a déjà été introjection. Le terme objet transitionnel désigne l’utilisation d’objets qui ne font plus partie du corps de l’enfant mais qui ne les reconnaît pas encore comme appartenant à la réalité extérieure… un coin de couverture… dont l’usage devient d’une importance primordiale au moment de l’endormissement et qui constitue une défense contre l’anxiété et plus particulièrement contre l’angoisse de type dépressif. »
    En groupe, il s’agirait de recréer un objet perdu, une relation fusionnelle, bien que les sujets sachent de manière latente que cette visée est une illusion.

    L’illusion groupale, un Moi idéal commun.

    Anzieu et Kaës, dans le prolongement de l’école anglaise de psychanalyse, apportent des études originales sur la vie fantasmatique des groupes. An eu établit une analogie entre le groupe et le rêve : le groupe permet la réalisation d’un désir (inconscient et de la petite enfance). Une autre analogie rapprocherait le groupe du corps.

    Didier Anzieu dit du groupe qu’il est « une enveloppe qui fait tenir ensemble des individus ». René Kaës avait mis en valeur la réversibilité des représentations du corps et du groupe : « tout groupe ne s’organise que comme métaphore ou métonymie du corps ou partie du corps. Le groupe est un grand corps dont les participants sont les membres. »

    Anzieu à partir de l’extension du concept de Moi-peau au groupe, parlera d’enveloppe psychique groupale.

    Moi-peau : concerne la double limite du champ psychique : à la fois la limite interne (conscient/inconscient) et la limite externe qui sépare et articule les relations entre le champ intra psychique et le champ intersubjectif (social, culturel).

    Pour Anzieu, la notion d’illusion groupale décrit un état psychique dans les groupes autour duquel les membres se sentant bien ensemble, constituent un bon groupe. Le groupe est idéal. Anzieu fait remarquer que la situation de groupe entraîne une menace de perte d’identité du Moi. Kaës parle de « l’inquiétante altérité de l’objet-groupe et de chacun des participants ». L’illusion groupale procède d’une défense, d’une prévention contre l’unité menacée du Moi. Pour compenser le narcissisme individuel menacé par une pluralité d’inconnus, l’illusion groupale permet d’instaurer un narcissisme groupal. (le groupe trouve ainsi son identité en même temps que les individus s’y affirme tous identiques). Elle illustre donc le fonctionnement en groupe du Moi idéal dont on sait qu’il représente la toute-puissance narcissique, image archaïque où le sujet cherche à entretenir une relation fusionnelle.

    Moi idéal : première ébauche du Moi investie libidinale ment, le Moi idéal désigne un état archaïque du Moi. Il procède de processus primaires et se constitue lors des premières relations d’objet à la mère devenue distincte de l’enfant. Ultérieurement, le sujet tend à retrouver ce Moi idéal, caractéristique de l’état de toute-puissance du narcissisme infantile.

    Pour Anzieu : « l’illusion groupale provient de la substitution au Moi idéal de chacun, d’un Moi idéal commun ». Se trouve ainsi avancée l’idée que le fondement du lien social est l’échange de fantasmes.

    Le concept d’un appareil psychique groupal

    Ce concept initié par R. Kaës tente d’élaborer une métapsychologie de l’appareil psychique groupal.

    Métapsychologie : élabore un ensemble de modèles conceptuels tels que la fiction d’un appareil psychique divisé en instances.

    Quelle topique pour l’appareil psychique groupal? Nous avons effectué une analogie avant entre instances psychiques individuelles et groupales. L’idéal du Moi dont Freud fait le ciment du groupe n’est pas une instance psychique en soi, c’est plutôt une formation , un processus intermédiaire, un passage du Moi au Surmoi et Freud ne parle que de la substitution d’un Moi idéal au détriment de Moi individuel. Pour Freud, l’idéal du Moi désigne une fonction du Surmoi.

    Le Moi idéal utilisé par Anzieu, dans son concept d’illusion groupale, substitue le Moi idéal individuel à un Moi idéal commun. Plus qu’une instance topique, le Moi idéal individuel est un Moi archaïque, une étape dans la différenciation du Moi.

    Kaës, à propos du concept d’appareil psychique groupal, montre que ces lieux, ces instances psychiques n’ont pas de réalité en dehors du groupe. Il pose la question des conjonctions entre les structures intra psychiques et les structures du groupe.
    - l’appareil isomorphique correspondance imaginaire, métonymique entre l’espace interne et l’espace groupal. « si le groupe est un corps, c’est la réalité corporelle de chacun qui se trouve déniée. Dés lors, chacun des participants ne pourrait exister que comme membre d’une immuable indivision. ».
    L’appareil psychique groupal isomorphique aboutirait à un groupe psychotique avec fusion des appareils psychiques individuels dans un appareil groupal.

    Isomorphisme : analogie entre deux forme qui, extérieurement, sont similaires mais dont la similitude ne va pas de pair avec sa structure.

    Métonymie : figure de rhétorique qui met le nom d’une chose pour celui d’une autre et désigne une partie de ce qu’il signifie (la partie pour le tout) ex boire un verre.

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