La distance pro ???

Bonjour vous !

J’aimerai ici abordé un sujet qui me touche particulièrement en ce moment : La distance professionnelle.
Pour rappel je travaille dans un centre d’hébergement d’urgence de nuit pour personnes sdf et toxicomanes. En deux mois, cinq de nos usagers sont décédés (surement d’autres mais nous ne sommes pas toujours au courant).

A l’heure où je vous parle, un de nos usagers est hospitalisé en réanimation, il ne respire que grâce à une machine. Et là se pose la question « Je vais le voir ? » « Pourquoi j’irai le voir ? » « Est-ce que je DOIS aller le voir ? »
Bon ceci dit je suis allée le voir … ça m’a fait du bien, ça m’a fait du mal. Lui, il « dort » alors ça ne lui a rien fait !

Autre exemple, lorsqu’une de nos hébergés est décédée nous avons accompagné un de ses amis (hébergé également) à l’enterrement. Les mêmes questions ses sont posées (pourquoi ? Y aller ou pas ?...)
Où est la limite ? Est-ce qu’on se rend toujours compte du dépassement de cette limite ?

Désolée ce n’est pas très gai comme sujet, mais ça fait partie de notre quotidien …

La mort fait partie de la vie!
Si tu veux pas l'affronter, travailles pas avec des vivants.
Bien, tu dis:

ça m’a fait du bien, ça m’a fait du mal

évidemment que ça fait mal, mais cette douleur, tu l'évacues comment?
Un p'tit peu en allant aux obsèques et en allant voir les mourants, non?
Ensuite il y a peu-t-être un travail à faire en analyse des pratiques.
Moi j'dirais te poses pas trop de questions et fais ce que tu sens être le mieux pour toi.

Bonjour,

Dans le cas de l'accompagnement à l'enterrement, tu es aussi un repère pour l'amie du défunt, qui avaient notamment en commun d'être hébergés dans le centre où tu travailles. A mon sens, vu que j'imagine que ça a été une demande de la résidante et que cela ne lui a pas été imposé, je pense que c'était tout à fait ta place.

Au foyer où je travaille, on fait au cas par cas pour les accompagnements aux enterrements, selon la fragilité des résidants, selon comment ils sont entourés par ailleurs, selon leur demande.

Pour les visites à l'hôpital, ça arrive souvent que l'on rende visite aux résidants. La plupart du temps, c'est leur référent ou co-référent qui passe, un contact téléphonique est maintenu, si l'hospitalisation est longue et selon le contexte du moment, on peut se "relayer" auprès du résidant. Mais encore une fois, c'est selon la demande et le besoin du résidant. D'autre part, il est vrai que quand la famille est très présente et soutenante, et pas de demande particulière, alors seul le contact téléphonique ou par courrier est maintenu.

Cela me semble tout à fait normal d'accompagner aussi dans ces moments-là... Comme dans la relation "en général", tant que ça n'est pas pour assouvir des besoins à soi et qu'on est au clair sur comment, pourquoi et au nom de qui/quoi j'agis, alors je ne vois pas de problème.

Même si, comme le dit justement Makhno, le fait que l'on touche à la maladie ou à la mort peut mériter un temps de parole et d'analyse en équipe sur ces questions-là...

Et dans le cas précis de l'hébergé dans le coma, je pense aussi que c'est notre rôle. Prendre des nouvelles auprès du médecin, montrer que l'on est présent et être là, même si l'autre est dans le coma... Je ne vois rien de dérangeant à cela. Par contre, il est vrai que je ne rends pas visite aux résidants à l'hôpital de la même manière que je vais visiter un proche...

Et c'est toujours sur mes heures de travail, avec accord de la direction et de l'équipe. Enfin, en gros, j'y vais pas en cachette, je donne des nouvelles à l'équipe etc

Merci vos mots m'ont fait du bien !

Je ne pense pas que cela soit ta place d'aller aux cérémonies de décès et autres présences au chevet de personnes en réanimation.
C'est celle du directeur ou du responsable de service qui eux, représentent officiellement le cadre institutionnel.
C'est à eux éventuellement de te désigner pour être présente et de te payer pour cela.
Oui, il peut y avoir de l'affection et de l'attachement sur un moment socio culturel précis et défini. En parler simplement en équipe comme le préconise Elya est une bonne démarche.

Bonsoir,
Juste une question: Le vouvoiement est-il de rigueur entre les résidents et les éducateurs?

Souvent, cela permet de mettre la distance et cela montre également le respect que l'on a vers eux.

Bonjour,

En as-tu parlé à ton référent du stage ? Peut-être connait-il bien ce jeune et peut t'apporter des éléments de compréhension sur son comportement.

C'est aussi peut-être un moyen pour ce jeune de te questionner sur ta place au sein du foyer et attend justement de voir si tu es au clair là-dessus.

A la question "comment gérer la situation" il n'y a pas vraiment de réponse. Ça dépend de la personnalité du jeune et de ce qu'il met derrière cette demande. Et pour ça, je trouve intéressant le conseil d'Elya d'en parler à quelqu'un qui le connait bien.