Bonsoir!
Je voulais vour faire partager cette découverte du jour.
"Ce gamin-là" film de Fernand Deligny réalisé par Renaud Victor datant de 1975, raconte, sous la forme documentaire, sept années d’une tentative originale de prise de contact avec des enfants autistes, dont la violence et l’incapacité à parler, s’est révélée un obstacle trop insurmontable pour les familles, et même pour les institutions psychiatriques.
La voix off le répète souvent : pour les médecins, et pour la société, ce sont des enfants incurables. Les images du film montreront l’exact opposé, comme pour dire, déjà, qu’il existe deux modes d’être au monde : le langage, et l’action, à laquelle appartient l’image cinématographique.
Fernand Deligny héberge donc ces enfants dans un camp, en pleine nature, avec le strict minimum. Il y a des éducateurs avec lui, mais ils ne sont pas là pour éduquer, et surtout pas pour parler. Le silence est de rigueur. Les éducateurs travaillent et dessinent. Ils travaillent la terre, ils dessinent des chemins. Dans le film, tout est espace. Fernand Deligny, dans cette approche de l’enfant autiste, remplace le temps par le lieu. Les éducateurs suivent les enfants, tracent les chemins empruntés, et analysent ensuite. Il en ressort un constat troublant : chaque enfant a ses habitudes, plus particulièrement cet enfant qui tourne constamment sur lui-même et se déplace par cercles. Que faire, alors, de tous ces chemins identiques, ces trajets réguliers, répétés ? Ne s’agit-il pas d’un monde, que nous autres, parce que nous maitrisons le langage, ne voyons pas au premier coup d’œil ? Est-ce une autre forme de logique, spatiale cette fois, non pas dictée par l’utilité mais par quelque chose d’autre ?
L’équipe tente alors de faire coïncider ces chemins avec les lieux utilitaires où elle travaille. Le résultat est impressionnant : ces enfants, que tous croyaient incapables, pétrissent le pain, ramènent l’eau de la source, aident à scier du bois. Ils se laissent prendre par la main, aussi, tout cela dans un silence de mots, où seule la nature a le droit de parler : l’eau de la rivière, les craquements du bois.
Les plans fixes sur des photos ou sur les trajets dessinés alternent avec des scènes quotidiennes qui montrent une vie simple, un minuscule village qui vit de son travail. Un film à voir, à connaître, pour son sujet difficile et pour garder le souvenir de cette tentative d’approcher ces enfants autrement, sans le langage, sans thérapie.
Vivre, simplement, entouré de nature et de mouvement. Le temps s’est arrêté. Il n’intéresse pas Fernand Deligny.
CONCERNANT LE TRAVAIL DE DESSIN: Gisèle Ruiz, peintre, commence à retranscrire les trajets des enfants. Cette cartographie de leurs "lignes d'erre" est montrée au Centre Georges POMPIDOU en 1980, dans le cadre de l'exposition Cartes et Figures de la Terre.
Les tracés de ces cartes révèlent un sens artistique qu'elle développe. Ses tableaux et dessins illustrent les ouvrages de Fernand Deligny publiés à partir des années 70.
Ce film a été financé in extrémis par François Truffaut qui sauva ainsi les bandes.
je viens de le visionner aujourd'hui en cours, il dure 1H30 et en tant que spectateur il faut bien s'accrocher pour rester attentif car il n'y pour certains passages pas de sons, peu de paroles.
Je n'ai pas trouvé d'extrait du film sur le net mais j'ai trouvé 2 emission de radio, une en 1980 où l'on peut entendre Fernand Deligny relatant son experience et l'autre en 2010, reprenant avec détail et explication, tout le trvail de Deligny (très interessant). Si vous ecoutez l'enregistrement de 1980, vous allez découvrir un personnage bien particulier!
Le connaissiez vous?
pour ecouter l'emission de radio (1980) c'est ici: http://boutique.ina.fr/audio/sciences-et-techniques/medecine-sante/PHD99234478/fernand-deligny.fr.html
emission de radio libre, l'intempestive (2010) retracant tout le travail de Deligny: http://www.intempestive.net/spip.php?article59
Pour connaitre la vie et l'oeuvre de Fernand Deligny (il est décédé en 1996): http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Deligny
Je voulais vour faire partager cette découverte du jour.
"Ce gamin-là" film de Fernand Deligny réalisé par Renaud Victor datant de 1975, raconte, sous la forme documentaire, sept années d’une tentative originale de prise de contact avec des enfants autistes, dont la violence et l’incapacité à parler, s’est révélée un obstacle trop insurmontable pour les familles, et même pour les institutions psychiatriques.
La voix off le répète souvent : pour les médecins, et pour la société, ce sont des enfants incurables. Les images du film montreront l’exact opposé, comme pour dire, déjà, qu’il existe deux modes d’être au monde : le langage, et l’action, à laquelle appartient l’image cinématographique.
Fernand Deligny héberge donc ces enfants dans un camp, en pleine nature, avec le strict minimum. Il y a des éducateurs avec lui, mais ils ne sont pas là pour éduquer, et surtout pas pour parler. Le silence est de rigueur. Les éducateurs travaillent et dessinent. Ils travaillent la terre, ils dessinent des chemins. Dans le film, tout est espace. Fernand Deligny, dans cette approche de l’enfant autiste, remplace le temps par le lieu. Les éducateurs suivent les enfants, tracent les chemins empruntés, et analysent ensuite. Il en ressort un constat troublant : chaque enfant a ses habitudes, plus particulièrement cet enfant qui tourne constamment sur lui-même et se déplace par cercles. Que faire, alors, de tous ces chemins identiques, ces trajets réguliers, répétés ? Ne s’agit-il pas d’un monde, que nous autres, parce que nous maitrisons le langage, ne voyons pas au premier coup d’œil ? Est-ce une autre forme de logique, spatiale cette fois, non pas dictée par l’utilité mais par quelque chose d’autre ?
L’équipe tente alors de faire coïncider ces chemins avec les lieux utilitaires où elle travaille. Le résultat est impressionnant : ces enfants, que tous croyaient incapables, pétrissent le pain, ramènent l’eau de la source, aident à scier du bois. Ils se laissent prendre par la main, aussi, tout cela dans un silence de mots, où seule la nature a le droit de parler : l’eau de la rivière, les craquements du bois.
Les plans fixes sur des photos ou sur les trajets dessinés alternent avec des scènes quotidiennes qui montrent une vie simple, un minuscule village qui vit de son travail. Un film à voir, à connaître, pour son sujet difficile et pour garder le souvenir de cette tentative d’approcher ces enfants autrement, sans le langage, sans thérapie.
Vivre, simplement, entouré de nature et de mouvement. Le temps s’est arrêté. Il n’intéresse pas Fernand Deligny.
CONCERNANT LE TRAVAIL DE DESSIN: Gisèle Ruiz, peintre, commence à retranscrire les trajets des enfants. Cette cartographie de leurs "lignes d'erre" est montrée au Centre Georges POMPIDOU en 1980, dans le cadre de l'exposition Cartes et Figures de la Terre.
Les tracés de ces cartes révèlent un sens artistique qu'elle développe. Ses tableaux et dessins illustrent les ouvrages de Fernand Deligny publiés à partir des années 70.
Ce film a été financé in extrémis par François Truffaut qui sauva ainsi les bandes.
je viens de le visionner aujourd'hui en cours, il dure 1H30 et en tant que spectateur il faut bien s'accrocher pour rester attentif car il n'y pour certains passages pas de sons, peu de paroles.
Je n'ai pas trouvé d'extrait du film sur le net mais j'ai trouvé 2 emission de radio, une en 1980 où l'on peut entendre Fernand Deligny relatant son experience et l'autre en 2010, reprenant avec détail et explication, tout le trvail de Deligny (très interessant). Si vous ecoutez l'enregistrement de 1980, vous allez découvrir un personnage bien particulier!
Le connaissiez vous?
pour ecouter l'emission de radio (1980) c'est ici: http://boutique.ina.fr/audio/sciences-et-techniques/medecine-sante/PHD99234478/fernand-deligny.fr.html
emission de radio libre, l'intempestive (2010) retracant tout le travail de Deligny: http://www.intempestive.net/spip.php?article59
Pour connaitre la vie et l'oeuvre de Fernand Deligny (il est décédé en 1996): http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Deligny