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    La résilience

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    normal La résilience

    Message par Darkzapatiste Mer 27 Aoû 2008 - 12:32


    La définition de la résilience et la polémique sémantique :


    Quand le mot "résilience" est né en physique, il désignait l’aptitude d’un corps à résister à un choc. Quand il est passé dans les sciences sociales, il a signifié la capacité à réussir, à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comportent normalement le risque grave d’une issue négative.
    C’est la définition de la résilience que donne Boris Cyrulnik dans son livre, Un merveilleux malheur. Et par ce titre en forme d’oxymore il veut dire que l’on s’émerveille devant des enfants qui ont triomphé d’un immense malheur. On change un malheur en merveille en donnant un récit à nos souffrances. La rêverie est en effet un refuge attendu avec impatience pour échapper, le temps d’une parenthèse, à la terrible réalité. Le film La Vie est belle de Roberto Benigni est un exemple de ce que le mensonge érigé en force vitale peut accomplir comme résultat : la préservation d’un enfant plongé dans l’univers des camps de la mort. Mais les mécanismes de défense que l’individu met en place peuvent s’avérer destructeurs pour lui-même. On voit dans le film un officier allemand fuir la réalité dans une obsession du jeu d’esprit, de devinettes dont la recherche des réponses le conduit à la folie.
    Psychiatre, psychanalyste, et auteur de bandes dessinées, Serge Tisseron, dénonce l’abus du terme "résilience" qui en fait aujourd’hui le paradigme d’une idéologie du bonheur. De nombreux thérapeutes, et même des gourous veulent faire croire que la résilience serait la réponse magique pouvant se subsituer aux traitements classiques, que le salut passerait par des pratiques auto-engendrées d’estime de soi ou de développement personnel.
    Une polémique est née entre les deux psychiatres par tribunes du Monde interposées. Le 17 juillet 2007, Boris Cyrulnik publie l’article "La Résilience et les perroquets de Panurge". Cyrulnik dénonce la banalisation du terme "résilience" qu’il a popularisé dans le monde des sciences sociales. Le mot a pris le même chemin que ces autres qui ont perdu leur sens à force d’être employés en toutes occasions : "faire son deuil", "génocide", etc. S’en est suivi une levée d’oppositions pour contester la valeur de ce terme devenu une baudruche sémantique dangereuse qu’il faudrait combattre. C’est ce que Cyrulnik dénonce : ce panurgisme intellectuel qui nous pousse à suivre ou à contester un penseur sans se donner la peine de savoir de quoi il parle, sans revenir au fondement de ce qui a justifié sa naissance. C’est aussi dangereux que d’employer, sans en connaître le sens et la portée, le mot de "génocide". Il y a eu des perroquets qui ont gonflé le sens du mot, d’autres qui s’y opposent désormais. Le mot devient signe d’appartenance à un de ces deux clans et l’occasion de duels verbaux au cours desquels chacune essaie d’avoir le dessus sur l’autre. La réalité du concept, conclut Cyrulnik, se trouve dans les livres, les laboratoires et chez les praticiens. "Là vous pourrez préciser votre idée et la renforcer, comme l’ont fait ceux qui ont élaboré les mots "inconscient", "génétique" ou "résilience". Mais ce travail est un plaisir lent que n’apprécient pas les perroquets de Panurge."
    Serge Tisseron, vient contredire cette conclusion dans un "point de vue" du Monde du 30 juillet intitulé "Du bon usage de la résilience". Pour ce psychiatre, le mot résilience ne peut plus se soumettre à une unique définition scientifique. Ne faut-il pas d’autre part réserver cette désignation aux cas les plus graves ? Il revient sur les éléments mêmes de la définition : que veut dire "réussir sa vie" ? que veut dire "dépasser un traumatisme" si ce dernier resurgit à la génération suivante ? Il dénonce l’emploi du terme à toutes les sauces, jusqu’au développement durable qui est en passe de le récupérer à son tour ! Il rappelle enfin l’idée de Julius Segal, l’un des pères fondateurs de la résilience, qui est de "donner du sens aux épreuves traversées".
    Pour sortir de cette querelle personnelle, le mieux est de replacer la résilience dans son histoire et de citer d’autres auteurs :

    L’histoire de la résilience :

    Enquêtes sur les enfants
    : Dans les années 60, des chercheurs ont été stupéfaits de constater que des enfants grandissant dans des conditions terribles se développaient normalement. L’étude de la résilience ne portaient alors que sur des enfants (sur les 698 enfants nés en 1955 sur l’île Hauai, de l’archipel des îles Hawaï). Les enfants maltraités ont été étudiés dans les années 70-80. Mais les travailleurs sociaux comme les chercheurs repéraient surtout les personnes qui répétaient la maltraitance qu’elles avaient subie. Mais des études démontrèrent qu’il s’agissait là d’une erreur de perspective car en étudiant ce que deviennent des enfants maltraités une fois adultes, on constate que seule une faible proportion devient délinquante ou maltraitante.
    Catherine Lehoux-Fleury (Sans père, ni repères... éditions Bouchène, 2003) ne dit pas autre chose. Si certains destins semblent marqués du sceau de la plus noire fatalité, et si l’idée d’une reproduction intergénérationnelle quasi-automatique de la maltraitance reste encore vivace, son récit vient nous démontrer le contraire : il est toujours possible d’échapper au pire...

    Puis les enquêtes ont porté aussi sur les adultes
    . Le professeur Gustave-Nicolas Fischer et ses étudiants ont étudié les adultes qui ont subi des traumatismes importants (guerre, camp de concentration, cancer, SIDA, deuil...). Le titre de l’ouvrage qui en a résulté, Le Ressort invisible, évoque les ressources insoupçonnées qui ont été mobilisées par ces personnes pour surmonter leur épreuves.
    Plus récemment, dans leur beau livre SurVivantes, Esther Mujawayo et Souâd Belhaddad expliquent comment les Tutsis qui possédaient une chèvre ou un lopin de terre ont pu mieux survivre aux traumatismes du génocide. Ces maigres biens furent pour eux une raison de continuer à vivre et un lien maintenu avec la réalité.

    La reconstruction affective :


    Pour Jacques Lecomte (Guérir de son enfance, éd. Odile Jacob, 2004) "l’individu n’est pas enchaîné par la forme des liens de son enfance, mais peut remodeler progressivement le type de relations affectives qu’il entretient avec son entourage". C’est le fondement même du concept de résilience. La relation affective peut se reconstruire aussi par la haine.

    -
    La haine, moteur de résilience :
    Franz-Olivier Giesberg, célèbre patron de presse, a écrit L’Américain (éd. Gallimard, 2004). Voici ce qu’il dit : "Je n’ai jamais cru au Père Noël. On ne peut croire au Père Noël dans une maison où la femme est battue comme plâtre plusieurs fois par semaine." Son récit autobiographique retrace l’histoire de son enfance marquée par une mère fervente catholique jusqu’à l’abnégation et le sens du sacrifice. Elle acceptera toute sa vie son sort de femme battue. Ne pensant qu’à une seule chose, la vengeance, le fils condamnera son père au silence à perpétuité, ne lui adressant plus la parole. Franz-Olivier Giesberg s’est construit sur la haine portée à son père. Aujourd’hui, il lui a pardonné. Et s’il a eu besoin d’écrire son histoire, c’est pour se délivrer du chagrin de n’avoir jamais donné à son père l’occasion de lui parler. A l’opposé de la haine, l’amour peut être moteur de résilience.

    -
    La résilience par l’amour :
    Boris Cyrulnik le dit dans Parler d’amour au bord du gouffre (éd.Odile Jacob, 2004) : il existe toujours une possibilité de remanier les apprentissages. Et c’est particulièrement le cas lors de la rencontre amoureuse qui peut tout autant déclencher un processus de résilience que délabrer un conjoint dont l’attachement semblait pourtant bien tissé. Les représentations négatives de soi acquises au cours de l’enfance peuvent s’en trouver modifiées. Autre facteur de résilience, l’entourage, la famille, le groupe qui, lorsqu’ils savent panser et intégrer le traumatisme, font en sorte de ne pas le laisser se développer.
    La résilience est devenue, ces dernières années, un concept très en vogue. Pour les uns, il serait la pierre philosophale qui transforme le plomb de la souffrance en or interpersonnel. Pour les autres, il reproduirait la thèse darwinienne de la survivance des mieux adaptés. Quoi qu’il en soit, on sait à présent que la résilience est un phénomène reconstructeur et donc aussi porteur d’espoir pour l’humanité.
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    normal Re: La résilience

    Message par poil a gratter Ven 12 Juin 2009 - 9:24

    salut
    le terme resilience s'accommode a ttes les sauces et chacun peut parler de la "vraie" resilience qui est bien sur la celle qu'il a defini bref chacun peut y trouver ce qu'il a envie c'est cool
    c'est l'histoire d'un mec né en 1961 donc avant les echographies et dont le pere a fait la tronche des qu'il a appris que c'etait un garcon et l'a manifesté verbalement il voulait une fille ca c pas de bol !!!
    Ce pere alcoolo qui plus est n'a jamais manifesté de signe d'amour a son gamin sauf la bise sur le front le soir que ce gamin interpretait comme une sorte de benediction (lui a t'on dit ? l'a t'il inventé ?) et au fil du temps le gamin a grandi et est devenu opposant malgré sa mere qui lui repetait "fais pas ca tu sais que ton pere va etre en colere" et bien sur il prennait des roustes quotidiennes (merci mon dieu !!) et va savoir meme si il ne les cherchait pas si dans son tit cerveau c'etait pas le seul moyen d'obtenir de l'attention de son pere dusse t'il en assumer la douleur
    Un jour de 1970 sa mere a fait ses bagages avec ses 2 gosses (ah oui en 68 une tite soeur etait née qui elle n'a jamais pris une taloche) et ce gamin a etait libéré en qqe sorte des coups mais qqe part le mal etait fait
    Y'a 40 de ca depuis je me suis develloppé comme j'ai pu ,pas mal frequenté les psys, mis longtemps a me decider a procreer hanté par la peur de la malediction de la reproduction de ce que j'avais connu enfant, mais j'ai ete longtemps en etat de mal-etre ,mon pere ayant arreté de boire ca l'a pas empeché qd j'avais 17 ans de me casser une bouteille de perrier en verre sur le crane au sujet d'un desaccord sur mes cheveux longs avec le temps il a vieilli on ne s'est pas rapprochés mais on pouvait se voir et il y a 2 ans et demi il commencait deja a patiner dans la choucroute a cause d'un syndrome de korsakoff il m'a fait une reflexion que je livre in extenso "j'ai tjrs su que tu ne savais rien" propos d'un vieil homme malade mais va savoir pourquoi ca a fait son chemein en moi , ca a mis six mois environ puis la l'effondrement total , une bonne decompensation ,j'etais deja mal avant ca mais ca a ete le detonnateur boummm !!!
    ah oui petite precision j'ai tjrs ete emotionnelement fragile le doute permanent en moi avec non pas une faille narcissique mais un canyon
    enfin retour au psy (genial d'ailleurs) travail de reconstruction reprise du taf en mi temps therapeutique et maintenant a mi temps en invalidité stade 1 j'ai retrouvé le gout, le sens du taf ,la gniaque bref tout n'est pas parfait mais je me sens beaucoup mieux qu'avant j'ose enfin "etre" a 48 balai meme si cet etre n'est pas parfait et merite des ameliorations p-e que pour la 1ere fois de ma vie je suis moi !!
    poure en revenir a la resilience je ne sais quoi te dire si ce n'est que paradoxalement je n'en veux meme pas a mon pere pour les coups ce que je ressens c la tristesse de savoir que je n'ai pas eu de pere de cette perte que rien jamais ne viendra combler et que ce vide sera tjrs present et ce malgre la presence de mon grand pere maternel a partir du divorce qui lui etait un homme admirable ca ne remplace pas
    alors oui on peut se "resilier" vivre debout malgré tout mais c un chemin de croix de longues souffrances il faut etre fort combattif etc pour arriver au final a s'en sortir ,de nombreuses personnes n'y arriveront p-e pas tant les degats sont importants moi finalement j'ai eu la chance de garder tjrs cette revolte en moi cette colere qui finalement pousse a se battre a s'accrocher a vivre ou survivre le plus souvent mais quid des gens qui ne le peuvent ????
    Il serait interressant de voir ceux qui "resilient" et ceux qui sombrent nous ne sommes pas egaux devant la vie chacun tente de trouver sa voie je souhaite a tous d'y arriver meme si c'est un voeu pieux
    PS J'adore mon fils et je ne lui colle pas de mornifles
    salut
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    normal Re: La résilience

    Message par mickeydu86 Ven 12 Juin 2009 - 22:08

    merci poil a gratter (comment vas-tu.... yau de poële, pas mal et toi......le des neiges) pour ce récit de vie authentique et unique, (quoi qu'il fera écho à un certain nombre de vécu similaire)
    on a tous des blessures identitaire et/ou narcissiques. nous sommes tous les cristals freudien (moi grâce à ma culture du simple, je préfère nous comparer aux oignons, ceux qui ont mis le plus de couche possible entre leur "coeur" et l'extérieur pour s'en protéger, ceux qui vous font pleurer dès qu'ils se déhabillent, ceux qui aiment bien se faire "dorer" au soleil etcetc.)
    bref chacun d'entre nous est un résiliant, et chacun d'entre nous à une connaissance unque et exclusive de ce qu'est la résiliance. c'est ce qui fait son charme et le notre (l'unicité fait de nous des gens intéressants, à défaut d'être charmant)
    B CERULNIK, lui il a une connaissance beaucoup plus globale de ce qu'est la résiliance. ce ce qui nous permet d'être de gens cultivés (comme les oignons....) et d'être encore plus résiliants (surtout avec les cons...)
    sur ce amis du soir et de la pésie bonsoir
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    normal Re: La résilience

    Message par matouba Sam 16 Jan 2010 - 7:55

    ha la résilience..quel être fracassé n'aurait pas envie de s'y accrocher ? la résilience se fait dans la haine et dans l'amour, nous ne pouvons l'observer qu'avec l'oxymoron.
    comment rassembler ses deux parties de l'etre, celle blessé, nécrosé et celle encore saine qui voudrait dépasser le miroir pour crier à la face du monde : vous ne m'aurez pas !!
    sommes nous des victimes a un moment donné ou sommes nous condamné a rester des victimes toute notre vie ?
    Anna Freud nous dit qu'il faut deux coup pour un traumatisme, le premier dans le réel, c'est la blessure, le second dans la représentation du réel, c'est l'idée que l'on s'en fait dans le regard de l'autre.
    l'être blessé restera t il coupable de sa souffrance ou développera t il un sentiment de puissance lui permettant de se dépasser ?
    "oui mais, j'en ai rechappé, j'ai dominé la mort, que m'importe de souffrir, que m'importe si je n'ai rien a manger ce soir, si je n'ai pas de chauffage en plein hiver..j'ai connu bien pire !!...il croit en la victoire dans les situations les plus désespéré !" ( un merveilleux malheur de B Cyrulnick)
    mais encore faut il que quelqu'un croit aussi en lui.
    selon BC "le traumatisé est biologiquement mieux préparé au stress, comme un champion entrainé a répondre aux épreuves..c'est un mode de réaction biologiquement acquit, une empreinte indélébile, le blessé a acquit désormais une maniere de sentir le monde, d'y repondre, il devient hyper sensible à un type d'évenement"
    quelle est notre position en temps qu'aidant ? nous occupons nous de victime ou de petit vainqueur ?
    en cela certains parents d'enfant handicapé nous donne une bonne leçon. ne gardent t ils pas des réserves d'espoir lorsque nous trouvons des limites au corps et à l'esprit. ne continuent ils pas à espérer leurs enfants vainqueurs quant on les enferme dans la cour des victimes ? tout n'est qu'une question de point de vue !
    etre soi meme, entier , accepter sa haine pour faire grandir son amour, sachant que rien n'est jamais acquit, mais ne l'est de toute façon pour personne.
    apres tout , un homme averti n'en vaut il pas eux ?
    je continue donc a construire mon travail en temps qu'educatrice sur le "model bénéfique", en partant du principe que l'on peut etre heureux quand meme, si l'on apprend a se servir de ses propres armes sans n'être qu'a leur service. nier la résilience c est renvoyer la personne blessé a un état de victime permanente.
    matouba

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    normal Re: La résilience

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