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    La quotidienneté :une reflexion sur l'intervention éducati

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    oupis La quotidienneté :une reflexion sur l'intervention éducati

    Message par Darkzapatiste Ven 13 Juin 2008 - 10:09

    Le Quotidien et la question du Sens
    Depuis notre naissance et jusqu’à notre mort nous évoluons au grés du temps, au fil des saisons à la lueur des jours, notre parcourt de « vie » et agrémenté d’actions répétitives et de rythme que nous vulgarisons par un terme : le quotidien.
    Ce quotidien si nous n’en prenons pas garde, peut nous enfermer dans une série de gestes que nous qualifierons de Pavloviens tels que : dormir, manger, laver son linge, faire la vaisselle voire fêter un anniversaire etc.
    Ces gestes relevant de « l’automaton », concept abordé par Aristote (ce qui revient tout le temps), peuvent nous dérober un droit fondamental qu’est celui de « l’agir ». En effet ce quotidien automatique donne raison à cette petite phrase fataliste : « ainsi est faite la vie » (Jacques le fataliste. Diderot) , occultant notre capacité d’exister en actant chaque moments de notre vie (on touche également par ce problème la notion de liberté).
    Devenir acteur au quotidien signifie donc, être acteur du quotidien, pour cela il est essentiel de se détacher d’une doxa faisant de ce dernier un espace pré-réglé et vide de vie, le quotidien n’est qu’une répétition monotone et abstraire que si nous ne lui donnons aucun sens.
    « Chaque jour que je vie est un jour que j’apprécie » ( Squat ‘libre’).
    Une approche philosophique permettra d’étayer ma réflexion sur le quotidien, de par ce fait je voudrai m’attarder sur trois philosophes plus particulièrement : Héraclite d’Éphèse, Aristote et Marcel Proust (inspiré de Bergson)
    - Héraclite explique 500 av J-C qu’avec le recul nécessaire toute personne peut appréhender différemment ce qui l’entoure (cosmos) même le quotidien. Il dit « celui qui descend tout les jours se baigner dans le même fleuve, ce baigne tout les jours dans une eau nouvelle ». Il démontre que deux gestes pouvant être similaire d’apparences ne sont pas pour autant identiques, car s’il on regarde bien chaque chose que nous faisons est unique. (ce que je vie ici en rédigeant ce post je ne le revivrai plus jamais de ma vie.)
    - Aristote quant-à lui dégage une vision davantage manichéenne du quotidien: l’automaton et la tuché.
    Comme nous l’avons vu plus haut l’automaton résume tout ce qui revient de manière inévitable et répétitif. Il introduit intrinsèquement la tuché c’est à dire l’aléatoire (l’ancêtre de « l’inquiétante étrangeté » de Freud): l’imprévu. Nous pouvons résumer l’idée d’Aristote en disant que l’automaton (l’automate ce qui est sans vie) se reproduit jusqu’à la mort alors que la tuché, l’aléatoire offre l’imprévu porteur de vie au quotidien.
    - Marcel Proust écrivain Français vu influencé par le philosophie de Bergson (*Note de Darkza :cela n'est que mon point de vue) et donc sur la question du temps. Proust nous fait comprendre que ce quotidien se glisse, se faufile et se défile ce qui nous empêche de l’apprécier et en réalité de l’acté. Le recul se fait avec le temps qui nous en éloigne, alors que le véritable recul est dans la prise de conscience du moment présent et par conséquent dans l’attribution du sens que nous lui procurons.
    En résumé le quotidien ne peut être défini que par le sens que nous lui accordons, la notion de répétition n’est pas une loi qui nous est imposé, libre à nous de nous en détacher.
    Comprendre le quotidien c’est pouvoir percevoir qu’il est constitué d’éléments uniques, seul l’enchaînement nous donne l’impression de routine, qui n’est pas forcement mauvaise car elle sécurise et stabilise.
    L’apprécier c’est accepter de laisser y entrer de l’imprévu, de la vie, cette « inquiétante étrangeté » qui vient perturber les rouages méthodiques de nos vies, nos institutions ( République, école, famille…).
    Donner du sens c’est se donner les moyens « d’Être » et de ne pas « être la » (Sartre), le quotidien ne se vit qu’au présent, si nous devons attendre l’avenir pour donner du sens à un quotidien passé, nous pouvons réellement nous demander si nous avons exister à ce moment la, et si nous gestes furent porteur de vie (de sens) pour nous et pour ceux qui nous ont entouré lors de ce quotidien atonique.
    Le quotidien lever et son institution
    L’Humanité depuis les premières civilisations, a découpé le temps en rythmes, organisé et préréglé la vie en l’intégrant à de multiples institutions. Nous pouvons dire aujourd’hui que la Vie n’est qu’un quotidien en Institution. Bien plus qu’un rythme le quotidien devient un cadre de référence pour des millions de personnes qui partagent quotidiennement les mêmes habitudes, les mêmes gestes, les mêmes horaires etc. Le quotidien par déduction confère et réaffirme l’appartenance à une société, une culture commune partagée par tout ceux qui si soumettent (aux risque d’être considéré comme déviant, sujet que ne n’aborderont pas ici.)
    accompagner la personne dans un rythme de vie.
    L’éducateur a un rôle normatif concernant le rythme. Tout en respectant la personne il doit lui faire prendre conscience que vivre ensemble passe forcement par le respect du rythme de chacun en établissement un rythme commun. Ce rythme commun gardien de la vie de groupe et fondateur des règles de vie doit être assez flexible et élastique pour atténuer les tensions « enjeux collectifs/intérêts » individuels. La souveraineté de la personne accompagnée se fait par la prise en compte de la singularité de celle-ci: en effet chacun « s’éveille et sort de sa bulle » à sa façon le matin et chacun « affronte la montée des peurs et angoisses » le soir avec ses propres subterfuges.
    Il est important de faire comprendre que les levers et couchers sont des étapes essentielles pour assurer un rythme de vie sociale, professionnelle équilibré. Ils sont des marqueurs de la journée stabilisant et sécurisant, qui précisent quels comportements sociaux on doit adapter (on ne va pas taquiner un ballon de foot une demie heure afin le coucher par ex, en revanche on peut s‘isoler et lire une Bd)
    Donner la possibilité à des jeunes adolescents ayant une déficience mentale de pouvoir se structurer dans le temps permet de les aider à s’inscrire dans une réalité concrète ou ils pourront faire leur choix d’organisation et donc être acteur.
    Structurer le temps c’est aussi leur donner une appartenance et ne pas vivre en marge, mais bien avec le monde qui les entoure. Vivre la nuit et dormir la journée (ex poussé à l’extrême) ne peut que marginaliser, l’intégration ne peut se faire que si l’on possède les mêmes repères que la structure (la société) que l’on souhaite intégrer.
    Accompagner la personne dans la vie quotidienne c’est lui faire comprendre que les rythmes sont sécurisant d’une part mais qu’a l’inverse il ne sont pas immuable. Occasionnellement, se lever plus tard ou regarder le match de foot jusqu’au bout fait parti de la vie de tout les jours (introduire l’aléatoire moteur de vie). L’important étant de comprendre pourquoi de telles choses ne sont pas possibles tout le temps.
    Pour cela le quotidien devient un véritable outil, il permet d’aider le jeunes à se projeter. Se définir non plus dans le moment présent mais dans l’avenir: « tu sais quand tu travailleras, tu ne pourras pas regarder la télé tout les soirs, tu seras bien obligé de faire des choix, tu crois pas? ».
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    oupis Re: La quotidienneté :une reflexion sur l'intervention éducati

    Message par Darkzapatiste Ven 13 Juin 2008 - 10:14

    les bases de la vie sociale.
    Apprendre à vivre au quotidien c’est apprendre à vivre avec les autres. Individuellement les levers et couchers représentent un cadre ou le jeune peut se référer. Les exigences et la stabilité émanant des règles de vies permettent l’épanouissement du jeune, et la sensations de se sentir à l’aise dans un groupe ou il trouve sa place.
    La vie en groupe, s’exprime par la prise en compte des besoins de chacun, il arrive régulièrement que les couchers des jeunes ne soient pas à la même heure, certains jeunes plus fatigués que d’autres ou malades aillent se couchers plus tôt. Afin de faire réfléchir les jeunes, nous optons souvent pour des activités moins bruyante afin de laisser ce reposer les jeunes couchés.
    Les habitudes qui structure ces rythmes institutionnels, avec des horaires précis de lever ou de coucher apportent un cadre qui est collectif, et par conséquent en plus d’une stabilisation individuelle, engendrent un rapport au groupe tout à fait explicite: « nous vivons ensemble et nous partageons les mêmes règles de vie ».
    l’intimité et l’hygiène
    Les levers et couchers sont des moments bien particuliers (zone frontière) qui se font dans des espaces précis: les chambres (zone institutionnelles d’étayages).
    L’ occupation d’un espace, relève de la construction identitaire certes, mais également d’un jardin intimes nécessaire au bon équilibre de toute vie psychologique. L’intrusion d’une tiers personne dans cette espace protégé peut être vécu comme une réelle violence pour la personne concernée. Cette violation d’espace personnelle, en plus d’être maltraitant, et dans une extrême mesure à considérer comme une annihilation de l’individu à part entière: une chose mise à disposition de l’adulte.
    Ce jardin intime psychologique et rejoins par l’intimité du corps explicite dans un lieu qu’est la chambre. L’adulte doit donc se montrer d’extrêmement vigilant vis à vis de ses comportements éducatifs.
    Pour ma part je demande la permission au jeune pour rentrer dans sa chambre, je toque lors des levers, et mon intrusion dans cette espace reste la plus humaine possible. Lors d’énurésie ou d’encoprésie j’essai toujours de dédramatiser la situation et suivant les cas (si le jeune et trop pudique) je le laisse gérer seul le changement de draps etc.
    Le quotidien un outil professionnel
    « Les jours sont peut-être égaux pour une horloge, mais pas pour les personnes ». Proust
    Le temps qui passe est relatif pour chacun, un moment anodin pour l’un sera exceptionnel pour l’autre. Le quotidien est un véritable support puisque « tout est éducatif », une histoire avant de dormir, un bonjour au lever et aussi important qu’une longue reprise éducatif digne des grands pédagogues. Il est vrai que l’on peut donner du sens à tout : l’importance de faire son lit le matin, dormir avec un pyjama propre etc.; mais quel sens en garde le jeune? Prend t-il conscience de l’utilité?
    Il est donc élémentaire de travailler dans la vie de tout les jours la capacité des personnes accompagnées à sortir du quotidien en se projetant dans l’avenir.
    Ces moments privilégiés permettent d’entretenir des conversations sérieuses sous un autre angle, d’enrichir une relation, d’aborder des sujets jusque l’a impossible à traiter.
    Le projet s’élabore à partir du quotidien : « le temps révèle tout : c’est un bavard qui parle sans être interrogé » disait Euripide. Lorsqu’on sait quelle intensité réside dans un lever ou un coucher, la richesse des observations, on reste vigilant et attentif. Cette manne d’information nous permet d’approfondir connaissance et relation avec le jeune.
    Je suis très attentif à la façon dont se lèvent les jeunes s’ils me parlent de cauchemars, si cela se produit la nuit avant le retour maison ou le lundi, de même pour les énurésies etc. Je suis également attentif aux événements du coucher, somatisation, balancement dans le lit, comportements affectifs, autant d’indicateurs qui peuvent nous aider à parfaire notre compréhension du jeune et donc dans l’élaboration d’un projet d’accompagnement le plus adapté possible.
    Je change aussi certaines choses, habitudes (dans les horaires de couchers par ex plus tardifs) pour observer des réactions, comme le repère dans le temps, la rigidité etc. ou au contraire j’en impose.
    La richesse d’un lever et d’un coucher débouche sur une relation spéciale avec les jeunes qui comporte néanmoins quelques précautions à prendre…
    Le positionnement de l’éducateur : les limites
    L’éducateur joue un rôle important lors de ces moments, il rassure les jeunes vis à vis des angoisses de la journée qui s’annoncent, il insuffle une dynamique de groupe agréable et bénéfique pour tous, et sa proximité lui attribue une représentation d’écoute et d’affection.
    L’image rassurante qu’il dégage (garant du cadre, aide vis à vis des angoisses lors des couchers par ex) durant ce temps, peut entraîner des paradoxes qu’il doit gérer et équilibrer.
    Lorsqu’il parle de « zone institutionnelle d’étayage » Freud utilise le concept de la ‘mère nourricière‘. pour lui les temps comme les levers, les couchers, les repas sont intensifs émotionnellement parlant. L’éducateur rentre dans une relation intime de soin, d’aide, d’écoute qui revient logiquement aux parents. De cela il en tire deux constats: ce temps d’étayage permet d’assurer une relation de qualité entre l’adulte et l’enfant; mais le frustre car l’adulte lui renvoie une image qui ne lui revient pas de droit (mais au parent).
    Pour continuer dans cette ambivalence de sentiment Fustier dans « les corridors du quotidien » parle de: « paradoxe institutionnel et de zone frontière ».
    Le paradoxe et le suivant, pour l’enfant :
    -l’institution est un lieu d’hébergement (il y dort)
    - l’institution est une famille (ou il y vit dans un groupe avec des éducateurs).
    En temps normal il arrive psychologiquement à supporter se paradoxe, toutefois il existe des zones frontières ou ce paradoxe devient insurmontable et invivable au point d’en faire souffrir le jeune.
    Les levers et les couchers sont des zones frontières, en internat nous connaissons souvent cette phrase au coucher : « tu vas partir après? » ou bien « si tu m’aimes tu restes, si tu repars chez toi c’est que tu ne m’aimes pas ». Dans ce cas présent nous voyons bien la souffrance entre l’image parentale et l’image du professionnel.
    Il est donc important au quotidien tout en gardant une relation efficace de savoir mettre une distance dans l’intérêt du jeune. Ce piège du ‘transfert’ est à éviter, l’éducateur ne peut remplacer les parents, il apporte au quotidien un aide pour que l’usager parvienne à conquérir sa propre autonomie.
    Cette reflexion pose une des bases fondamentales de l'action éducative à savoir l'accompagnement au quotidien, je me tiens à votre disposition pour appronfondir certains ou nouveaux points théoriques.
    Darkza
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    oupis Re: La quotidienneté :une reflexion sur l'intervention éducati

    Message par Darkzapatiste Ven 13 Juin 2008 - 14:34

    Un dossie d'unité de formation que j'ai du rendre l'année dernière, son importance n'était pas grande mais il me tient à coeur.
    Cela permet de se dégager de la repetition, et de prendre du recul sur des phénomes tels que la lassitude, le découragement professionnel voir la monotonie. Ca galvanise les troupes bounce
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    oupis Re: La quotidienneté :une reflexion sur l'intervention éducati

    Message par Darkzapatiste Ven 13 Juin 2008 - 15:25

    C'était UF3 je crois (enfin j'ai jamais rien compris au unité de formation et les cours qui y était affiliés Razz ), qu'il s'intitulait "accompagnement éducatif".

    Michel7034 a écrit:Bonjour,

    Avec ta permission, je vais soumettre cette réflexion à mon équipe...

    Ce texte est libre d'accés mais bon peut etre devrai je reflechir aux droits d'auteurs Very Happy

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    oupis Re: La quotidienneté :une reflexion sur l'intervention éducati

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