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par Ananda Lun 21 Fév 2011 - 11:13Bonjour,
J'ai 52 ans et je parraine depuis 2 ans un jeune qui est en rupture familiale et qui a été à plusieurs reprise SDF sur de courtes périodes. Il va avoir 23 ans.
Il souffre de troubles borderline et a été toxicomane à l'héroïne.
J'imagine que vous n'avez pas forcément de retour sur le travail que vous accomplissez. Alors voici ce que m'a confié ce jeune qui, après une adoption ratée a été d'abord confié à 10 familles d'accueil successives, puis en foyer d'accueil.
-Sur tous les intervenants sociaux et autres psychologues qu'il a été amené à croiser, ce sont les éducateurs qui ont eu le rôle le plus important dans sa vie. Un rôle d'adulte référent. C'est en vous qu'il a puisé des repères. Auprès de vous il a trouvé compréhension et indulgence. Et vous étiez les seuls dont il acceptait l'autorité. Il dit "Avec le recul, je m'aperçois que j'ai été souvent injuste avec mes éducs, j'étais trop en souffrance, trop paumé, je ne leur rendais pas ce qu'ils m'apportaient. J'ai du respect pour eux."
- Concernant les familles d'accueil , sur les 10 familles successives auprès desquelles il a été confié, seule la dernière famille a su lui apporter ce dont il avait le plus besoin : de la compréhension et de l'affection. C'était il y a 7 ans et il n'oublie pas 1 ou 2 fois l'an de lui donner de ses nouvelles. Concernant les précédentes, il a même oublié leur nom et leurs visages: pour 8 d'entre-elles il dit "Elles m'assuraient un toit et de la nourriture,mais elles n'en avait rien à foutre de moi, je n'étais pour elles qu'un moyen de recevoir un salaire. Pour l'une d'entre-elles "ceux-là ce n'était pas pour l'argent qu'ils prenaient un enfant car ils étaient très aisés, c'était pour faire "une bonne action". Mais ils ne songeaient qu'à m'enseigner des théories comme si j'étais un abruti qui ne savait pas que c'était mal de mentir, de voler et d'être turbulent. J'avais besoin qu'on me donne une bonne raison de bien me comporter, j'avais besoin d'affection et non de morale ou de me faire engueuler. Du coup, je ne faisais aucun effort pour m'intégrer dans ces familles et je demandais chaque fois aux éducs de me placer ailleurs."
-Concernant les psys il dit qu'ils ne lui ont été d'aucun secours et d'ailleurs il ne leur en a pas laissé le temps, au bout de 3 ou 4 séances il ne voulait plus les voir. "raconter ma vie à des psys qui n'en n'ont rien à foutre et qui attendent la fin de la séance pour encaisser des honoraires, je ne peux pas m'y résoudre"
Je voulais vous dire qu'au-delà de toute les questions fastidieuses que vous réglez au quotidien dans le cadre de votre travail d'éducateur, même si rien dans leurs attitudes ne le laisse transparaître, "vos gamins" vous observent. Ce que "vous êtes" compte autant que ce que vous faites. Vous êtes probablement ce qui ce rapproche le plus de la représentation du père qu'ils auraient aimé avoir.
Suggestion :
-On affuble souvent ces enfants du qualificatif de "difficiles" mais cela renvoie aux difficultés de l'entourage et non aux leurs. Comme si c'était une fatalité dont l'entourage et la société subissent les conséquence. L'entourage, parfois des gens charmants dans leur vie sociale, apparait ainsi "victime" et cela ferait oublier qu'on ne nait pas "difficile " mais qu'on le devient par trop de souffrances quand on n'a pas encore les outils pour comprendre et exprimer autrement les choses.
Peut-être ne serait-il pas inutile de changer l'expression "enfants difficiles" par "enfants en souffrance" ?
-En prolongement du grand travail que vous faites, mon expérience en la matière me laisse penser qu'il faudrait encourager le principe du parrainage pour les jeunes adultes. Le caractère bénévole et informel de la démarche ne peut qu'attirer des volontaires suffisamment "mûrs et prêts" pour tenter l'aventure. Le fait que le jeune soit en âge d'avoir son libre arbitre garanti sa totale liberté. Dans cette relation,aucune des parties n'est obligée de rien. Si l'aventure perdure alors c'est que peu à peu, un réel lien s'est crée. Dans ce cas, tous les espoirs sont permis. Cela ne coûte rien à la société et ça ne peut même lui éviter bien des dépenses. Mais c'est surtout que si ça ne garantie pas forcément le fait de permettre à un jeune de s'en sortir définitivement et de ne pas reproduire avec ses futurs enfants, ça peut toujours lui apporter quelques moments de réconforts et d'insouciance et c'est déjà immense.
Que pensez-vous des points que je soulève ?
J'ai 52 ans et je parraine depuis 2 ans un jeune qui est en rupture familiale et qui a été à plusieurs reprise SDF sur de courtes périodes. Il va avoir 23 ans.
Il souffre de troubles borderline et a été toxicomane à l'héroïne.
J'imagine que vous n'avez pas forcément de retour sur le travail que vous accomplissez. Alors voici ce que m'a confié ce jeune qui, après une adoption ratée a été d'abord confié à 10 familles d'accueil successives, puis en foyer d'accueil.
-Sur tous les intervenants sociaux et autres psychologues qu'il a été amené à croiser, ce sont les éducateurs qui ont eu le rôle le plus important dans sa vie. Un rôle d'adulte référent. C'est en vous qu'il a puisé des repères. Auprès de vous il a trouvé compréhension et indulgence. Et vous étiez les seuls dont il acceptait l'autorité. Il dit "Avec le recul, je m'aperçois que j'ai été souvent injuste avec mes éducs, j'étais trop en souffrance, trop paumé, je ne leur rendais pas ce qu'ils m'apportaient. J'ai du respect pour eux."
- Concernant les familles d'accueil , sur les 10 familles successives auprès desquelles il a été confié, seule la dernière famille a su lui apporter ce dont il avait le plus besoin : de la compréhension et de l'affection. C'était il y a 7 ans et il n'oublie pas 1 ou 2 fois l'an de lui donner de ses nouvelles. Concernant les précédentes, il a même oublié leur nom et leurs visages: pour 8 d'entre-elles il dit "Elles m'assuraient un toit et de la nourriture,mais elles n'en avait rien à foutre de moi, je n'étais pour elles qu'un moyen de recevoir un salaire. Pour l'une d'entre-elles "ceux-là ce n'était pas pour l'argent qu'ils prenaient un enfant car ils étaient très aisés, c'était pour faire "une bonne action". Mais ils ne songeaient qu'à m'enseigner des théories comme si j'étais un abruti qui ne savait pas que c'était mal de mentir, de voler et d'être turbulent. J'avais besoin qu'on me donne une bonne raison de bien me comporter, j'avais besoin d'affection et non de morale ou de me faire engueuler. Du coup, je ne faisais aucun effort pour m'intégrer dans ces familles et je demandais chaque fois aux éducs de me placer ailleurs."
-Concernant les psys il dit qu'ils ne lui ont été d'aucun secours et d'ailleurs il ne leur en a pas laissé le temps, au bout de 3 ou 4 séances il ne voulait plus les voir. "raconter ma vie à des psys qui n'en n'ont rien à foutre et qui attendent la fin de la séance pour encaisser des honoraires, je ne peux pas m'y résoudre"
Je voulais vous dire qu'au-delà de toute les questions fastidieuses que vous réglez au quotidien dans le cadre de votre travail d'éducateur, même si rien dans leurs attitudes ne le laisse transparaître, "vos gamins" vous observent. Ce que "vous êtes" compte autant que ce que vous faites. Vous êtes probablement ce qui ce rapproche le plus de la représentation du père qu'ils auraient aimé avoir.
Suggestion :
-On affuble souvent ces enfants du qualificatif de "difficiles" mais cela renvoie aux difficultés de l'entourage et non aux leurs. Comme si c'était une fatalité dont l'entourage et la société subissent les conséquence. L'entourage, parfois des gens charmants dans leur vie sociale, apparait ainsi "victime" et cela ferait oublier qu'on ne nait pas "difficile " mais qu'on le devient par trop de souffrances quand on n'a pas encore les outils pour comprendre et exprimer autrement les choses.
Peut-être ne serait-il pas inutile de changer l'expression "enfants difficiles" par "enfants en souffrance" ?
-En prolongement du grand travail que vous faites, mon expérience en la matière me laisse penser qu'il faudrait encourager le principe du parrainage pour les jeunes adultes. Le caractère bénévole et informel de la démarche ne peut qu'attirer des volontaires suffisamment "mûrs et prêts" pour tenter l'aventure. Le fait que le jeune soit en âge d'avoir son libre arbitre garanti sa totale liberté. Dans cette relation,aucune des parties n'est obligée de rien. Si l'aventure perdure alors c'est que peu à peu, un réel lien s'est crée. Dans ce cas, tous les espoirs sont permis. Cela ne coûte rien à la société et ça ne peut même lui éviter bien des dépenses. Mais c'est surtout que si ça ne garantie pas forcément le fait de permettre à un jeune de s'en sortir définitivement et de ne pas reproduire avec ses futurs enfants, ça peut toujours lui apporter quelques moments de réconforts et d'insouciance et c'est déjà immense.
Que pensez-vous des points que je soulève ?
