par Jérémie59200 Dim 13 Fév 2011 - 23:21
Bonsoir Tiphaine,
Dans un premier temps je pense qu'il est important de dire qu'être déstabilisé, avoir peur, fait partie du métier d'éducateur. Après 10 années d'expérience je me rends compte qu'il est vain de lutter contre ce type de sentiment.
L'éducateur est comme le monsieur tout le monde qui voit des jeunes et qui en éprouve des choses. La différence est dans l'analyse qui en est faite et la possibilité (statut, fonction, appartenance à une structure... etc) d'agir en réaction à cette violence.
Je pense que l'éducateur doit savoir jauger la "quantité" de violence qu'il est en capacité de recevoir, au moment où il est dans l'action.
En effet, en tant que jeune professionnel, j'ai déjà eu l'occasion d'aller plus loin que ce que j'étais en capacité d'accepter. Le jeune le ressent, constate une destabilisation et cela peut engendrer d'autant plus de violence de sa part. C'est comme un boulevard de la violence qui s'ouvre pour lui.
Ainsi, l'éducateur doit être conscient des modalités qui peuvent lui permettre de "décrocher" ou différer la relation si cela devient trop compliqué à gérer.
Je fais apparaître ici l'importance de la solidité de l'équipe éducative :
confiance mutuelle entre la hiérarchie et l'équipe éducative : il est compliqué de demander à son cadre du soutien si celui-ci n'a pas confiance en vous. Certaines structures considèrent malheureusement la difficulté comme une défaillance de l'éducateur
solidarité entre les différents membres de l'équipe
Ainsi il me semble que la réaction d'un éducateur face à la violence dépend de sa solidité psychologique mais également du soutien qu'il va pouvoir obtenir de son environnement.
Le but de ce travail d'équipe est pour moi d'obtenir une relation entre un jeune "dans tous ses états" et un adulte solidement campé sur ses positions,
qui sait ne pas être seul,
qui sait qu'on a confiance dans ses décisions,
qui connait ses limites et qui n'a pas peur de les verbaliser au jeune comme à ses collègues,
qui sait reconnaître ses fautes face au jeune comme face à ses collègues lorsqu'il en commet, l'erreur est humaine
Face à cette solidité et non pas rigidité, le jeune ne peut que se sentir rassuré, encadré, et c'est alors lui qui guidera l'éducateur dans son travail d'accompagnement. La parole ira vers celui ou ceux en qui il a le plus confiance et le projet du jeune pourra se travailler.
La seule proposition est donc une forme de relation, le reste se fait tout simplement à partir de la demande du jeune.
cordialement,
Jérémie