par interlock1 Ven 17 Déc 2010 - 20:18
Bonsoir Mayoune,
Je viens de lire rapidement les différentes messages. Pour avoir appris beaucoup avec quelques éducateurs aguerris voire érudits (si tant est que cela existe compte-tenu de la complexité du sujet), il semble que l'agressivité soit une réponse à des éléments que cet enfant ne comprend pas, n'est pas en capacité de traduire et qui, pour le coup, provoquent des angoisses. Ces enfants ont des façons différentes de percevoir et traduire la réalité. Concernant des méthodes, j'ai vu le P.E.P.(méthode d'évaluation) et le P.E.C.S. (système de communication basé sur les échanges) utilisées pour aider ces enfants à entrer dans une communication et évaluer leurs acquis et les manques pour justement travailler sur ces manques. Les aides visuelles (photos) sont aussi utilisées.
Souvent les groupes d'enfants sont déstabilisants du fait du bruit, de l'agitation, des codes sociaux auxquels l'enfant autiste ne peut donner le sens approprié. Je peux te citer quelques livres faciles d'accès : "le bizarre incident du chien pendant la nuit" (je ne sais plus l'auteur), "Je suis né un jour bleu" de Tammet, un Poche de Temple Grandin (dont j'ai oublié le titre). Ces ouvrages traitent surtout du syndrôme d'Asperger mais donnent une réelle idée de comment pense une personne autiste. C'est aux encadrants d'observer l'avant violence par exemple pour essayer de déterminer l'élément déclencheur et d'imaginer comment l'enfant perçoit le monde.
Pour illustrer, avec l'équipe de travail, nous avons proposé à une personne autiste de prendre son déjeuner seule, avant tout le monde et en relation individuelle pour que ce temps de repas soit calme et bénéfique pour la personne. Durant ce temps, il y a un minimum d'interférence, la personne étant seule dans la pièce avec l'éducateur. Il y a peu de mouvement, de bruit, etc... Cela stabilise les comportements de la jeune femme, la moindre entrée ou sortie de la pièce ou du bâtiment l'amène au minimum à se déplacer, au maximum à s'agiter. Elle est très perméable aux mouvements, agitations, anxiété dans le groupe. Isoler permet quelquefois à la personne de se "reconstituer"(angoisse de morcellement) mais ce la doit être fait dans un cadre bien défini à visée éducative voire thérapeutique. Il ne s'agit cependant pas de pratiquer l'enfermement. Tu verras dans e livre de Temple Grandin qu'elle met en place des stratégies (construction d'une machine) pour s'isoler justement, se retrouver...
Voilà, j'espère ne pas avoir dit trop de bêtises... Je voulais juste rajouter que l'auto-mutilation est une façon de sentir son corps, d'en déterminer les limites, les personnes autistes pouvant avoir une image de leur corps ou un schéma corporel tronqué.
De même, cet enfant ne refuse pas l'accompagnement éducatif. Ce n'est pas intentionnel de sa part. Ne peut-on pas considérer qu'il ne comprend pas ce qui est attendu de lui, que cela n'a pas de sens.
Les personnes autistes ne savent pas, ne peuvent pas accéder à nos codes sociaux ordinaires, à nos modes de communication. Elles ont besoin d'outils pour cela.
Bon, je crois que cette fois-ci j'en ai fini. J'espère avoir été assez juste.
A bientôt.