par chervalin Lun 15 Nov 2010 - 22:08
QUESTIONNAIRE :
- Quel à été votre cursus pour atteindre aujourd’hui le droit d’exercer le métier d’ES ?
Examen d'entrée après le bac . Mais il était conseillé de travailler pendant quelques mois voire davantage dans une institution auprès d'enfants ou adolescents avant de se présenter au concours. A cette époque c'était assez aisé de trouver des postes pour éduc non diplômés. On nous appelait "educateur d'internat et de loisirs"
- Quelle vision aviez-vous du métier avant de le pratiquer ?
Comme beaucoup de jeunes à cette époque (post soiante huit) c'était la fête, l'unité qui assemble, la diversité qui enrichi, le bonheur naif et le monde social à recréer. C'était la grande colo paternaliste et sécurisante, l'activisme à outrance, la tête comme une éponge, prête à tous les combats, idéalistes, créatifs, immaginatifs, débrouillards on se rapprochait plus de DELIGNY que de BOURDIEUX. On chantait plus qu'on ne lisait et on embrassait plus qu'on écrivait.
J'avais cette vision là avant d'entrer en formation, car je la pratiquais comme educ non diplômé.
- Etes vous aussi enthousiaste qu’avant, lorsque vous l’imaginiez, quand à ce qu’il représentait à vos yeux ?
Non, je suis désolé, à l'inverse de Cris.
Je suis agacé par la montée du rationalisme. Il y a une vingtaine d'années, un chef de service nous avait apporté des feuillets tous orthonormés et soigneusement sériés de cases qu'ils nous fallait remplir selon un barème de notes. Nous nous étions bien défoulés et il est reparti nous qualifiant d'immatures et de techniciens de bidets.
L'uniformisation des pratiques institutionnelles autour des critères de rentabilité fait que maintenant j'hésiterais à m'engager dans cette profession.
Toutefois, ma pratique est tellement différente que j'accorde mon pas aux rythmes des singularités et de la diversités des situations
- Quel est votre quotidien ? Pourriez-vous me raconter une journée que par exemple, vous vous souvenez bien ?
J'alterne entretiens individualisés, échanges téléphoniques, mails et écrits soit en rapports brefs, soit en présentation historique et actuelle d'une histoire sociale et familiale dans le cadre d'enquêtes confiées par un magistrat.
Dans le quotidien que vous offre ce métier, quelles sont vos préférences ? Ses inconvénients ?
L'imprévisible de la rencontre, la découverte de l'autre, l'écoute des récits de vies cahotiques qui viennent dire que tout n'est pas écrit, qu'il existe des possibles; l'invisible quête du changement, du pas maladroitement osé, d'une lueur d'envie ou simplement d'un sourire
Les inconvénients: Le scientisme péremptoire des mandarins et des clercs de toutes obédiences ou de toutes appartenances à un corps et la rationalisation économique centrée sur le résultat-
Quelles sont pour vous les qualités requises à ce métier d’éducateur spécialisé ?
Face à la complexité croissante des situations sociales et familiales, de l'empreinte de plus en plus appuyée du processus d'évaluation individualisée ou institutionnel, de la prévalence de l'économique, je dirais que les qualités requises sont l'adaptabilité, la souplesse, la créativité et l'engagement.-
Avez-vous un conseil à donner à l’étudiant pour son cursus, ou pour lui donner du courage ?
Je ne sais p)lus quel auteur éducateur avait dit " Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est difficile qu'est le chemin" Autrement dit, pendant ces trois années, va bousculer tes représentations, va chercher ce que tu fuis et va te coltiner des rencontres.[b]