Eclaircissements sur le métier d'éduc spé

Salut tout le monde,

Après une courte carrière d'électronicien, actuellement au chômage, je m'intéresse au métier
d'éduc spé pour me réorienter et je souhaitais avoir des éclaircissements par rapport aux
questions que je me pose, confronter ce que je crois savoir avec vos réalités. Je ne sais
pas si je suis dans la bonne partie du forum mais on verra...

J'ai pu avoir un court aperçu de la réalité d'une amie monitrice éducatrice, par ses récits.
En gros j'en retiens les insultes de la part de ses petits, les incidents parfois importants
avec les jeunes placés. Le sentiment d'inutilité de son travail avec un public handicapé dans
lequel elle ne sent aucun progrès et le sentiment de désinvestissement des collègues genre
"c'est des légumes = rien à en tirer, rien à leur apporter" (je résume rapido ce que j'ai compris de son discours).
Je sais pour une part à quoi m'attendre mais je me doute que ce type de métier ne se résume
pas qu'à cela. Je pense qu'il est aussi pour une part constitué du plaisir d'avoir fait progressé
quelqu'un sous quelque forme que ce soit, en tout cas c'est ce que j'espère y trouver si je me lance.

Mon père me dit que c'est un milieu spécial, comme flic, pompier, médecin, on y rencontre les maux
de la communauté. Mais vu de l'intérieur, est ce si spécial que ça ? Je me doute qu'il faut être solide
moralement pour ce boulot.

Ca vous choquera peut-être mais j'ai l'impression de manquer d'empathie. Je pense être capable
de savoir comment se sent une personne en analysant la situation mais peu en la regardant. ça
me fait un peu tiquer, ça me fait penser que ça peut être risqué. Mais je présume que ça se
travaille. Ou alors je me trompe dans ma définition de l'empathie.

J'ai eu l'occasion d'aider et de parler à une jeune fille pour la convaincre de ne pas arrêter
le suivi avec son psy. Je ne lui ai pas parlé des difficultés que j'ai pu rencontrer mais j'ai
utilisé mes connaissances pour lui exposer les conséquences de sa décision. Je l'ai convaincue,
j'ai quelques regrets sur cette discussion mais je sais que ce n'est pas quelque chose qui puisse
la faire aller plus mal, au contraire. C'est cette discussion qui a déclenché mon intérêt.
Je me demandais si ça ressemblait à ça la relation de tous les jours avec les jeunes rencontrés,
pas sur la forme mais sur le fond.

Je souhaitais également connaître la différence entre un moniteur-éduc et un éduc spé.

Pour finir, je vais entrer la semaine prochaine dans le dispositif espoir du greta pour ma réorientation.
La responsable m'a dit hier qu'il y aurait un(des) stage(s) à faire j'ai aussitôt pensé à la mecs du coin
et je me demandais si je pouvais y être accepté étant donné que je n'ai aucune formation dans le domaine.
A ma connaissance, là où j'habite il y a 1 CHRS, 1 IME, 1 maison d'arrêt, 1 mecs, 1 CAT et je crois 1 centre
d'hébergement en lien avec le CAT. D'après vous je risque de me faire envoyer bouler de partout car je
ne suis pas formé ? Je demande ça car je pense qu'on doit hésiter avant d'accepter quelqu'un dans mon cas.

Ces questions/remarques pourront peut-être paraître idiotes, mais je préfère vérifier que je ne me plante
pas dans la représentation que je peux m'en faire, histoire de pas faire fausse route.

Désolé je suis assez long, merci d'avoir lu jusque là.

Bon je vous laisse, bon courage à vous tous,

@+
Titux

Les insultes, on n'a que celle qu'on mérite! L'inutilité du travail? Un sourire, un merci, cela me suffit pour me penser "utile".
Maintenant comparer les éducs à des flics, je m'insurge! Les flics sont inutiles, eux!

Pour les insultes, je n'ai pas pu observer sa façon de travailler donc je ne peux dire si elle les mérite ou pas.
Je l'ai simplement mentionné car en électronique on y est moins exposé de la part des composants.

Justement les sourires, les merci et j'ajouterais les regards sont ce qui lui manquent dans son poste actuel, car ses jeunes sont, d'après ce que j'ai compris, très handicapés, peu stimulés et je sais par contre qu'elle se démène.

Je ne comparais pas avec les flics sur le plan de l'utilité mais sur le plan humain, ce qu'ils peuvent rencontrer eux aussi n'est pas rose tous les jours.
Au niveau de leur utilité, il est toujours bon qu'une structure existe en matière de sécurité. La forme est peut-être discutable mais sur le fond au moins ça existe.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ton texte, et je trouve ton questionnement très pertinent et légitime.



En ce qui concerne l’empathie que tu peux ressentir ou pas, ne t’en fais pas, La formation (notamment les stages) t’aidera à appréhender cette partie, ainsi que beaucoup d’autres.



En ce qui concerne notre utilité, je te promets que si un jour je me dis que je ne sers à rien, j’arrête le métier. Mais si dans ton interrogation, il y a la question de la reconnaissance, c’est un autre sujet beaucoup plus complexe.



En ce qui concerne, le métier de flic, travaillant entre autre pour la protection judiciaire de la jeunesse, j’ai régulièrement à faire à eux, et je vous garantis que les flics sont très compréhensifs et ouverts quant il s’agit de protéger les enfants en danger.

Ouf, visiblement pour l'empathie ça semble se travailler, ou du moins on y est guidé.

J'évoquait l'exemple de cette amie sans penser à la reconnaissance, mais je pense qu'elle doit en manquer un peu
avec ce public handicapé avec qui elle travaille en ce moment car comme je le disait ils semblent très handicapés.
Si je me souviens bien, ils ont pas l'air de se rendre compte qu'elle est là et leurs progrès sont très lents.
D'où je pense son sentiment d'inutilité dans cet établissement.
Après si je me lance dans cette voie, je sais déjà que dans certains cas je pourrais manquer de cette fameuse reconnaissance.

Et les flics à mon avis, ils partent du principe qu'on ne touche pas aux enfants et déploient certainement une énergie folle dans ce sens. Ce que je ne considère pas comme une mauvaise chose.

merci pour ces réponses en tout cas.
@+