La fonction de la sanction est double : une réparation envers celui ou ceux qui ont été victimes de la transgression et la réinstauration de la Loi . La sanction s’inscrit dans le temps, c'est-à-dire qu’elle devient formatrice que si elle a un futur, que si elle pense à « la réhabilitation et la réintégration du sujet coupable » .
Le sens de la sanction éducative :
Trois finalités sont à dégager.
La finalité psychologique : la sanction libère, car elle permet au jeune de se libérer de la culpabilité. Elle est à l’opposé de la Loi du Talion en ce sens, qu’elle n’est pas une contre violence sensée annuler une violence première, mais un coup d’arrêt pour rompre avec la spirale du « faire mal/se faire mal ».
La finalité éthique : la sanction contribue à la construction identitaire : en imputant à un sujet la conséquence de ses actes, la sanction le met en situation de s’interroger sur ses actes et donc sur lui-même. De la sanction découle l’autonomie : « être capable de se donner librement des règles de conduites conforme à des valeurs et à des objectifs ».
La finalité politique : la sanction vise à réhabiliter l’instance de la loi qui est garante du « vivre ensemble », c’est un rappel également de la primauté de la Loi et non la prééminence de l’éducateur.
Comment la sanction se fait éducation :
Trois règles à appliquer et quatre principes à retenir.
- La règle de la proportionnalité : la sanction n’est pas indépendante de la gravité de la transgression.
- La règle de la gradation : ménager une graduation pour éviter la logique binaire tout/ou rien. La sanction ne doit pas être fréquente pour qu’elle puisse être porteuse de sens.
- La règle de la sérénité : Exigence éthique de l’éducateur, maitrise de soi, recours à une tierce personne et sanction différée.
Et les principes suivants :
- La sanction éducative s’adresse à un sujet et appelle la parole : une sanction n’est jamais collective, elle ne s’adresse pas à un groupe. Toute sanction appliquée doit être une sanction expliquée. C’est une réaction et une explication : demander au jeune les raisons de son geste, des explications sur la transgression et ses conséquences et s’assurer que la sanction soit comprise.
- La sanction éducative porte sur des actes : un acte particulier dans une situation particulière (l’acte de voler par exemple et non sur un jeune voleur).
- La sanction éducative est une privation de l’exercice d’un droit : la sanction n’est plus perçue comme arbitraire si les règles sont connues de tous, pour cela l’espace éducatif doit décliner les droits et les devoirs.
- La sanction éducative s’accompagne d’une mesure réparatoire : la sanction est une façon de requalifier le jeune et se doit d’être dénuée de tout caractère de violence et de vengeance. Le jeune qui manifeste le désir « de réparer est en position de responsabilité par rapport à ses actes » . Cette réparation est en direction de la victime mais également une reconstruction du Moi (Rachat/culpabilité).
La sanction exige de l’éducateur une « éthique de la responsabilité »
- L’homme est un être inachevé et perfectible ce qui fonde le devoir d’éduquer.
- L’éducateur se doit d’envisager toutes les conséquences avant de décider
- L’éducateur doit être engagé volontairement dans sa responsabilité
- Le principe de responsabilité articule : conséquentialisme (les actes doivent être évalués en fonction de leur conséquence) et déontologie (certains actes sont moraux a priori). Cette éthique se soucie de l’autonomie du sujet tout en admettant a priori que certaines actions lui sont préjudiciables.