Source Agence française de presse, ce matin, les idées de réforme pour limiter le trou de la sécu sont de plus en plus abjectes!
Le directeur de la Cnam (assurance maladie) a proposé mardi un plan d'économies pour réduire le déficit de la Sécurité sociale comportant une baisse de la prise en charge des affections de longue durée, qui a suscité une avalanche de critiques et de réactions indignées.
Face à un déficit attendu de 4,1 milliards d'euros pour quelque 150 milliards de recettes en 2008, Frédéric van Roekeghem a proposé "un effort supplémentaire" de plus de trois milliards en 2009, dont deux milliards d'économies.
Si le plan est loin de se limiter à elle, une proposition a cristallisé les mécontentements. Elle prévoit de baisser de 100% à 35% le remboursement par la sécurité sociale des médicaments "à vignette bleue" (dits "de confort") pour les malades en affection longue durée (ALD), le reste étant "transféré aux organismes complémentaires" (mutuelles ou assurances privées).
Ces malades atteints de pathologies lourdes comme le diabète ou le cancer sont 7,7 millions en France. Ils sont remboursés à 100% et M. van Roekeghem a aussi souhaité que la Sécu limite davantage l'accès à cette catégorie, attendant 250 millions d'économies au total sur ce secteur.
Le gouvernement doit trancher "vers le 15 juillet", a indiqué la ministre de la Santé Roselyne Bachelot. Son collègue du Budget Eric Woerth a rappelé qu'il n'y avait "aucune remise en cause du remboursement à 100% des affections longue durée" (ALD) mais sans se prononcer sur les médicaments "à vignette bleue" ou sur l'accès à la catégorie ALD.
Syndicats de salariés et de médecins libéraux, partis de gauche et associations de malades ou de handicapés ont très vivement réagi à ces propositions jugées "choquantes", "scandaleuses" ou "inacceptables".
La CFTC et le collectif d'usagers de la santé Ciss voient ainsi dans une baisse de la prise en charge des ALD une remise en cause du principe de "solidarité" qui régit la protection sociale en France.
La CFE-CGC dénonce une "étape supplémentaire du désengagement de l'Etat", menée "sans aucun débat".
Le PS dénonce "une logique de déremboursements massifs" et la CGT souligne qu'il est déjà "de plus en plus difficile de se soigner du fait de la multiplication des forfaits, des franchises et des dépassements d'honoraires médicaux".
Pour FO, "le coeur même de la Sécu est visé" par ces propositions qui, selon l'Unsa, vont "frapper les plus démunis" ne pouvant pas payer une mutuelle ou une assurance privée.
"On parle beaucoup de rogner sur les dépenses et on ne parle jamais des recettes. Or, tous les experts s'accordent pour dire que les dépenses de santé ont vocation à augmenter d'un point un point et demi au-dessus du PIB", a déclaré le président du principal syndicat de médecins libéraux (CSMF), Michel Chassang.
"Il y a peut-être des recettes à aller chercher ailleurs qu'en taxant exclusivement le travail. Aujourd'hui, il y a des gens qui vivent très bien par des revenus autres que ceux du travail", a déclaré le président de l'Association française des diabétiques (AFD), Gérard Raymond.
Même certains députés de la majorité, comme Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre), et la Fédération française des sociétés d'assurance ont émis des critiques.
Au delà, M. van Roekeghem attend près d'un milliard d'euros d'économies sur les tarifs de certains médicaments, dont des génériques, ou produits de santé, et d'une diminution des tarifs de radiologie et biologie médicale, a-t-il dit à l'AFP.
Il entend aussi limiter les prescriptions de transport (ambulances) ou d'arrêts maladies.